Le grand entretien L’ancien Strasbourgeois Jérémy Blayac ne se sent plus d’attaque
À 36 ans, l’ex-attaquant vedette du Racing Strasbourg Jérémy Blayac raccroche les crampons après une riche carrière conclue l’autre dimanche sur une descente en National avec le Gazélec Ajaccio.
97e minute le dimanche 2 juin au stade Ange-Casanova d’Ajaccio. D’un ciseau retourné aussi sublime que désespéré, l’attaquant du Mans Mamadou Soro expédie le ballon au fond, son club en Ligue 2 et le Gazélec en National (succès sarthois 2-0).

Pour Jérémy Blayac, l’ancien avant-centre du Racing Strasbourg qui a signé deux ans en Corse à l’été 2018, ce coup de massue se double d’un coup d’arrêt. Buteur le mardi précédent lors du barrage aller Ligue 2/National au Mans (victoire du GFCA 2-1), “Jérem” a décidé à 36 ans – il les fêtera ce jeudi – de raccrocher les crampons. L’un des héros de la résurrection du Racing, auteur de 39 buts en 126 matches sous le maillot bleu de janvier 2015 à juin 2018, met les pouces.

    Jérémy, un peu plus d’une semaine après le séisme qui a secoué le Gazélec, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

C’est vraiment dur à avaler. On ne sait même pas comment ça a pu arriver. Pas une seule fois, avant la 38e journée de Ligue 2, nous n’avions été barragistes.

Et durant la double confrontation face au Mans, nous n’avons jamais été en position de descendre, jusqu’à cette terrible 97e minute. Les sept dernières journées ont été un cauchemar. Avec 37 points après 31 matches, une victoire et un nul suffisaient à nous sauver. Mais nous n’avons pris que deux points. Nous avons aussi raté quatre penalties de suite, dont celui du 1-1 par (Wesley) Jobello à la 94e chez nous au retour.

Ça ne m’aurait pas dérangé de le tirer, mais il a pris ses responsabilités. Je l’ai laissé faire. Je n’allais pas faire de vagues à un moment si important.

    Avant le but fatal au GFCA, vous menez une attaque qui n’aboutit pas et Le Mans porte l’estocade…

Je n’avais aucune idée du temps qu’il restait. Je sers en retrait “Mayo” (Mayoro N’Doye, l’autre ex-Racingman, ndlr) qui écrase sa frappe. Je me reproche beaucoup de n’être pas allé au poteau de corner gagner du temps.

    Si N’Doye avait marqué, votre initiative aurait été unanimement saluée…

Je sais bien. Mais malheureusement, ça ne s’est pas passé comme ça.

« Je me dis que ma carrière a été belle »

    Dès cet hiver, vous aviez confié en aparté votre volonté d’arrêter en juin 2019. Comment l’avez-vous annoncé à vos dirigeants ?

Je ne l’ai pas fait. J’avais prévu de le faire une fois le maintien assuré. Mais dans mon contrat de deux ans, une clause stipulait que je serais libre en fin de première année si le club descendait. Le Gazélec a pris une énorme claque. Je préfère laisser les dirigeants digérer cette relégation qu’ils n’avaient pas prévue. Pour moi, c’est fini.

    Ce douloureux épilogue ternit-il votre fin de carrière ?

C’est une grosse déception, car dans mon esprit, il était impensable de finir sur une descente. Mais me tourner la tête dans tous les sens ne changera pas les choses.

Avec un peu de recul, je me dis que ma carrière a été belle. En quelque 450 matches en pro, j’ai connu plus d’événements heureux, notamment six montées, que d’échecs.

Jusqu’à ce barrage perdu face au Mans, je n’étais descendu qu’une fois, de L1 en L2, avec Boulogne-sur-Mer, un club où c’était un peu prévisible.

    D’où est venue votre envie de raccrocher ?

D’une certaine lassitude, physique et mentale. À mon départ du Racing l’an passé (en fin de contrat, il n’a pas été conservé, ndlr) , je me sentais bien. Ça m’aurait embêté de ne pas faire une année de plus.

Le plaisir m’a toujours guidé. Mais cette saison, l’équipe n’en a pas pris beaucoup et moi, très peu.
« Je ne veux pas faire l’année de trop »

    L’usure physique était-elle palpable ?

Oui. J’ai vite senti un déclin. Alors, je me suis dit que je devais donner le maximum pour le club en 2018-2019, puis tourner la page. Quand, quatre matins sur sept, tu dois te faire violence pour aller à l’entraînement parce que malgré une bonne hygiène de vie, tu es fatigué et ne récupères plus aussi bien, à quoi bon continuer ?

Statistiquement, je sors de ma plus mauvaise saison (3 buts, 6 passes décisives en 31 matches de L2 et barrages). Je suis tellement compétiteur dans l’âme que j’ai du mal à accepter d’être moins performant dans la régularité. Je ne veux pas faire l’année de trop.

Ce serait sûrement une erreur de continuer. 36 ans, c’est un âge respectable pour dire stop. Le plaisir et la satisfaction d’être bon m’ont toujours fait avancer. De toute évidence, les deux ne sont plus réunis.

    Votre décision est-elle irrévocable ?

Oui. Peut-être le foot va-t-il me manquer dans un mois, car la fin d’une carrière de haut niveau est une petite mort. Mais ma décision, prise depuis six mois, est mûrement réfléchie. Je suis préparé.

    Qu’allez-vous faire ?

D’abord, me reposer. J’ai besoin de souffler. En 2014, j’ai créé avec mon frère un commerce de pierres naturelles à Montpellier. J’ai aussi acheté une maison au Crès, en couronne montpelliéraine, et je vais m’y installer avec ma femme et mes enfants. En novembre sans doute, je travaillerai dans notre société et prendrai mes marques dans ma nouvelle vie.
« Strasbourg ? La plus belle époque de ma carrière »

« Avec le Racing et Strasbourg, nous nous sommes trouvés. Je m’y suis senti comme un poisson dans l’eau. J’ai vécu d’autres belles choses, mais ç’a été la plus belle époque de ma carrière, notamment sur le plan humain. J’ai encore beaucoup de relations avec les gens de Strasbourg. Je suis aimé du public et au club, par des dirigeants dont je partageais la philosophie et inversement. Ils ne m’oublient pas et je ne les oublie pas non plus. Notre génération a marqué l’histoire du Racing, avec les deux montées d’affilée de National en Ligue 1, puis le maintien arraché sur le fil. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, le club peut grandir dans la stabilité. Il vient de finir onzième avec quarante-neuf points, se maintenir aisément, gagner la Coupe de la Ligue et se qualifier pour l’Europa League. L’équipe n’a pas réussi tous ses matches, mais elle est ambitieuse dans le jeu et va de l’avant. Que demander de plus ? Et qui l’aurait prédit il y a trois ans ? »
dna

dna a écrit:
Blayac : « Le Racing va bien finir »

Retiré des terrains depuis l’été 2019, Jérémy Blayac, l’un des piliers de la reconstruction strasbourgeoise qui vit désormais à Crès, dans la couronne montpelliéraine, ne pouvait pas ne pas venir à la Mosson faire un petit coucou à son ancien club.

Il est venu en voisin. Depuis l’arrêt de sa carrière de joueur en juin 2019 après la relégation en National de son dernier club, le Gazélec d’Ajaccio, Jérémy Blayac a retrouvé le Sud de la Métropole où il a gardé toutes ses attaches.

Samedi après-midi, les dirigeants strasbourgeois sont allés le saluer dans l’entreprise « de commerce de pierres naturelles et d’aménagements paysagers de jardins » qu’il a créée il y a quelques années avec son frère à Montpellier et pour laquelle il travaille désormais à temps plein. Puis “Jérem” Blayac, l’un des hommes clefs du retour, puis du maintien en Ligue 1, parti de Strasbourg en juin 2018 alors qu’il était en fin de contrat, a fait un saut à la Mosson pour assister à Montpellier – Racing (3-0) et passer le bonjour à ses ex-partenaires, même s’ils ne sont plus très nombreux dans l’effectif 2019-2020.

L’ancien avant-centre a définitivement remisé ballons et crampons au placard et ne taquine plus le cuir, trop pris qu’il est par ses nouvelles obligations professionnelles. « Ce n’est pas facile. Il faut bosser dur. C’est là qu’on s’aperçoit de la chance qu’on a quand on est footballeur. Je n’ai plus le temps de jouer. Un foot en salle avec des copains ne me déplairait pas. Mais encore une fois, je manque un peu de temps. »
« Je reste le premier supporter »

À défaut d’être encore acteur du jeu, l’Aveyronnais de 36 ans s’est mué en spectateur et a goûté le spectacle. « C’était un bon match que j’ai vraiment aimé. C’était ouvert des deux côtés. Le penalty en a un peu été le tournant. Montpellier est très dur à jouer ici. Il faut maintenant que les Strasbourgeois se reprennent, mais je ne suis pas trop inquiet pour eux. Ils font une bonne saison. Je pense qu’ils font bien la finir. Le début a été compliqué, la Coupe d’Europe a fait un peu de mal, mais avec un peu plus de récupération et le retour à un match par semaine, l’équipe a trouvé son rythme de croisière. Ils sont revenus dans le premier tiers du classement. Ce serait bien qu’ils y terminent pour valider leur progression par rapport à l’année dernière. »

Observateur attentif du parcours d’un Racing dont il répète à l’envi qu’il a correspondu à « la meilleure période de (s) a carrière », l’homme aux 39 buts en 126 rencontres officielles sous le maillot bleu, de janvier 2015 à juin 2018, a apprécié de renouer, même brièvement, le lien inaltérable qui l’attache à un club dont, contrairement à tant d’autres, il a marqué l’histoire. « J’étais content de voir mes anciens coéquipiers. Je suis toujours autant leurs matches, peut-être pas tous les week-ends, mais je reste leur premier supporter. »

directracing a écrit:
Jérémy Blayac : "J'aurais aimé terminer ma carrière au Racing"

Dans la dernière émission de la semaine du Club 1906 (vendredi), l'ancien attaquant du Racing s'est exprimé sur sa fin de carrière et son départ de Strasbourg : "J'ai un regret, lorsque mon contrat est arrivé au bout, j'aurais aimé continuer une année de plus à Strasbourg, la dernière de ma carrière. Même en tant que remplaçant toute la saison et d'avoir un role de grand frère dans le vestiaire. Ma dernière saison de ma vie de footballeur s'est passée au Gazélec Ajaccio et c'était une erreur, ce n'était pas un club pour moi. J'ai perdu la petite étincelle de footballeur le jour où j'ai quitté le Racing, quelque chose s'est cassé. Mais je n'en veut pas du tout au Racing"

Le club a préféré prolonger des joueurs comme Grimm, Liénard, recruter Mothiba en attaque, garder Carole et Lala une saison supplémentaire au lieu de les vendre (avec le résultat que l'on sait), solder Da Costa en catimini.
Sans oublier les fantastiques recrues que sont  ou furent Corgnet, Mitrovic ou Kamara (lui aussi prolongé !).
Point positif : la gestion de l'effectif ne peut que s'améliorer.
Merci aussi au niveau abyssal de la L 1 qui a permis trois maintiens d'affilée.