dna a écrit:
le mois du blanchissage
Revenu dans les eaux plus calmes de la Ligue 1 (13e) à la faveur de son troisième succès de rang validé dimanche contre Saint-Étienne (1-0), le Racing ne cultive pas forcément le sens de la fête mais s’en tient à l’essentiel. Un progrès majeur dans une saison qui était bien mal emmanchée.
Strasbourg et Monaco, voilà donc les deux places fortes du football hexagonal en ce début d’année. Alors que le leader parisien a commencé 2021 par un match nul à Saint-Étienne, que son dauphin lillois a perdu le même soir contre Angers et que Lyon s’est fait surprendre pas plus tard que dimanche soir à domicile par Metz, Alsaciens et Monégasques sont les seuls à avoir fait le plein de points : neuf sur neuf, avec une différence de buts identique de +7.
Au pied du Rocher, Wissam Ben Yedder et les siens ont beaucoup marqué (11 buts) mais en ont aussi encaissé quelques-uns (4). Au bord du Krimmeri, on a décidé de faire dans l’efficacité et la sobriété : aucun ballon dans les filets d’Eiji Kawashima, sept dans ceux de Nîmes (5-0), Lens et donc Saint-Étienne (1-0 les deux fois).
Cette belle série n’est pas surprenante pour l’armada princière, revenue se positionner au bas du podium avec 36 points au compteur. Au Racing, en revanche, on est moins habitué à être à pareille fête.
Dans l’élite, la dernière passe de trois remonte à décembre 2019, quand les hommes de Thierry Laurey avaient enchaîné contre Toulouse, Bordeaux et Saint-Étienne avant de s’incliner à Metz.
Mais pour trouver trace d’un “hat-trick” sans prendre le moindre but, il faut remonter à l’automne 1983 (*)! Pour la deuxième plus mauvaise défense au soir de la 17e journée et de la claque essuyée au Parc des Princes (4-0), cette soudaine solidité est forcément étonnante.
« Avant chaque match, on se checke avec les défenseurs et le gardien en se disant : “ Clean sheet(ou blanchissage dans les sports US) ce soir”. On sait que si on n’encaisse pas de but, souvent on gagne », disait Anthony Caci avant la venue des Stéphanois.
Dans la phrase du latéral gauche, il y a juste le mot « souvent » qui est superflu. Car les sept succès de la saison ont tous été acquis sans que le gardien alsacien n’ait à s’incliner. Quand ça lui arrive, les Bleus perdent presque toujours (11 défaites, 2 nuls).
Certes, ce dimanche à la Meinau, les Verts décimés par le Covid-19 et les blessures n’avaient pas vraiment les arguments pour espérer marquer. Encore moins après que Ryad Boudebouz a gâché la seule occasion de l’après-midi, un penalty que le Colmarien a envoyé dans les gradins vides.
Il n’empêche, les Bleus vont nettement mieux. « On n’a pas trop de blessés, pas de problèmes majeurs et on reste sur trois matches sans prendre de buts, expose le coach strasbourgeois. Si on évite toutes ces erreurs et ces manqués que l’on a commis par moments sur la première partie de saison, les choses iront beaucoup mieux. C’est une question de concentration et de vigilance, car on sait que la moindre faille sera exploitée par nos adversaires. »
« Pas faire d’enflammade juste avant la Chandeleur »
À ce jour, l’illustration la plus cinglante du discours de Laurey reste le match contre Marseille, en novembre dernier (10e journée). Ce soir-là, les Olympiens n’avaient rien montré, mais ils avaient réussi à l’emporter sur la seule occasion du match, une reprise de volée de Sanson à la suite d’un cafouillage alsacien.
Il faut croire que les douloureuses leçons de l’automne ont bien été assimilées. « J’ai toujours été serein, assure Laurey. Il y a eu des fois de la frustration, parce que l’on a perdu des matches sur des erreurs pas possible, mais jamais de l’inquiétude. J’ai parfois dû remonter les bretelles aux garçons, mais j’ai surtout passé beaucoup de temps à les encourager. Car ils ont toujours affiché la volonté de s’en sortir. Ils se sont pris en charge et ont changé leur état d’esprit. La solidarité et l’homogénéité que l’on constate aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ce que l’on voyait il y a trois ou quatre mois… »
Pour l’entraîneur, le point de bascule se situe fin novembre contre Rennes, quand ses hommes sont parvenus à préserver le point du nul (1-1) à dix contre onze, mettant ainsi un terme à une funeste série de trois défaites. C’était alors la première pierre du chantier de reconstruction, les Bleus étirant ensuite leur série d’invincibilité sur quatre matches.
A posteriori, les rechutes de fin d’année contre Bordeaux et à Paris ne sont que des accidents de parcours. Car Ludovic Ajorque et les siens avaient déjà réussi à se persuader qu’ils valaient mieux que leur place au fond de la classe.
Pour autant, Laurey ne compte « pas faire d’enflammade juste avant la Chandeleur ». D’ici à la journée nationale de la crêpe – au sucre ou Suzette, peu importe –, le Racing a encore quelques gros points à prendre, que ce soit ce dimanche (15h) à Dijon, une semaine plus tard contre Reims, et même encore au lendemain de la fête, le mercredi 3 février contre Brest.
« Avec 23 points, on n’est pas maintenu, pas plus qu’on ne l’était à la fin du cycle aller avec 20 unités, rappelle judicieusement le coach. On a fait l’effort que l’on attendait de nous, c’est un bon début. Mais il y a des matches piégeux qui nous attendent avant d’attaquer du plus lourd. Sans se fixer d’objectifs précis, à nous de jouer de manière cohérente pour gratter le plus de points possible… »
Pour l’anecdote, l’AS Monaco aura l’occasion de mettre la pression sur le Racing dans le petit match que les deux équipes se livrent à distance. Dès samedi, la troupe de Niko Kovac accueille l’OM à Louis-II. Le lendemain, le Racing sera en Côte-d’Or avec un objectif inchangé : déjà ne pas prendre de but, et puis voir comment ça peut tourner…