L'enquête se poursuivait samedi sur la mort d'un policier lors d'affrontements entre forces de l'ordre et supporters de l'équipe de Catane qui affrontait Palerme, vendredi (1-2). Les interrogatoires des personnes interpellées se poursuivent et le stade Massimino va être entièrement fouillé. Le policier, Filippo Raciti, a succombé à une blessure à la tête provoquée par un gros pétard lancé dans la voiture où il se trouvait. Il est décédé à 22 heures 10 à l'hôpital Garibaldi de Catane d'un arrêt cardio-respiratoire. Il avait le grade d'inspecteur chef et était âgé de 38 ans.
Conséquence immédiate du drame, Luca Pancalli, le commissaire extraordinaire de la Fédération italienne, a annoncé la suspension de tous les matches de championnats qui devaient se dérouler au cours du week-end, et ce à tous les niveaux. «Une journée, ce n'est pas suffisant. Sans mesures drastiques, on ne repart pas, a de plus déclaré Luca Pancalli, laissant planer la menace d'une prolongation de la suspension. Moi, je ne continue pas comme ça. En ce moment, je suis trop bouleversé, en tant qu'Italien et en tant qu'homme du sport. J'aimerais qu'on ne reparte pas tant que l'on n'aura pas isolé ces enragés. Il s'agit de délinquance pure, ils ne devraient pas avoir accès au stade. Il faut donner des réponses sévères et fortes».
Les événements de Catane ont pris une tournure politique. Une rencontre entre Luca Pancalli et le président du Comité national olympique italien Gianni Petrucci est prévue samedi et une réunion extraordinaire entre les instances sportives et le gouvernement a été fixée pour lundi. Le ministre de l'Intérieur Giuliano Amato s'exprimera mardi devant les députés. Le président du Conseil Romano Prodi a affirmé que la décision d'interrompre la journée de Championnat était «juste (...), prise en signe de deuil mais qui représente aussi un avertissement pour le sport, un sport qui doit s'arrêter et réfléchir (...) Je sens le devoir de dire qu'un signal fort et clair est nécessaire pour éviter la dégénération du sport à laquelle nous assistons de plus en plus dramatiquement».
Le match amical Italie-Roumanie qui devait se dérouler mercredi à Sienne a également été annulé, tout comme le match entre les équipes espoirs d'Italie et de Belgique. «L'équipe nationale donne le signal le plus important en s'arrêtant et en contestant la violence», a déclaré le vice-commissaire extraordinaire de la Fédération, Gigi Riva.
Un match sous haute surveillance
Un autre policier a été sérieusement touché mais ses jours ne seraient pas en danger. Au total, soixante-et-onze personnes ont dû être hospitalisées dans la nuit à Catane, et quatorze supporters de Catane, dont neuf mineurs, ont été arrêtés. Les heurts auraient débuté hors du stade au moment où les supporters de Palerme entraient dans l'enceinte. Ironie de l'histoire, le match avait été précédé d'une minute de silence en mémoire d'Ermanno Licursi, un dirigeant d'une équipe amateur décédé samedi dernier alors qu'il tentait de s'interposer entre ses joueurs, de Sanmartinese, et les supporters du club adverse de Cancellese qui tentaient de s'en prendre à eux.
Le derby sicilien entre Catane et Palerme, prévu à l'origine dimanche à 15h00, avait également été avancé à vendredi (18h00) pour des raisons de sécurité. Les autorités craignaient déjà des affrontements entre supporters siciliens. Au match aller, de nombreux incidents avaient en effet émaillé le match qui se disputait à Palerme. «On m'a dit qu'un policier est mort, parler de football est parfaitement inutile. Quand cela sera fini, je m'en irai du monde du football», a réagi à chaud Pietro Lo Monaco, administrateur délégué du club de Catane. «Je ne me reconnais pas dans tout cela. J'aime intensément le football, mais là, il me semble absurde». (Avec AFP)