Deuxième de la Ligue 2 depuis sa victoire au Havre (0-1), vendredi, le Racing commence à exploiter efficacement les atouts qui sont en sa possession. Jean-Pierre Papin détaille ce qui fait aujourd'hui la force des Strasbourgeois.
EXPÉRIENCE. - Des quatre candidats à la montée, le Racing dispose incontestablement de l'effectif le plus expérimenté. Un critère qui ne semblait pas être prépondérant aux yeux de Papin en début de saison. Mais l'entraîneur a vite changé son fusil d'épaule. Les « vieux » Strasser, Ekobo, Devaux ou Camadini sont incontournables, alors que l'animation offensive est confiée à Tum et Joao, soit les deux attaquants les plus mûrs. Des garçons « entre deux âges » comme Abou ou Johansen, un temps écartés, ont aussi repoussé les jeunots en bout de banc.
« Notre force, c'est aussi d'avoir un effectif riche, complète Papin. Nous ne sommes pas trop handicapés par les blessures ou les suspensions, parce qu'il y a toujours une solution. Pour la venue d'Ajaccio, c'est Ahmed Kantari qui devrait retrouver le terrain. Il n'a pas eu beaucoup de temps de jeu et il mérite aussi de jouer. »
Rigueur défensive, importance
des coups de pied arrêtés
HARGNE. - L'un des mots clés de la saison. A défaut d'être brillants dans le jeu, les Strasbourgeois sont dotés d'une force de caractère qui permet de déplacer des montagnes. Plusieurs situations mal engagées, voire désespérées - contre Amiens, Libourne ou Tours -, ont ainsi pu être renversées grâce à cette hargne, que JPP est parvenu à insuffler à travers sa « haine de la défaite. »
Vendredi à Jules-Deschaseaux, par exemple, Habib Bellaïd illustrait parfaitement cet état d'esprit. Écarté du groupe lors des deux rencontres précédentes sans plus d'explications, le défenseur est revenu « avec les crocs », dans l'optique de « vouloir tout déchirer. » Résultat : il a été l'auteur d'un match quasi-parfait.
ITALIENNE. - De son passage en Italie, au Milan, Jean-Pierre Papin a en particulier retenu deux choses : « la rigueur défensive et l'importance des coups de pied arrêtés. » Dans le premier domaine, le Racing est actuellement à la pointe. S'il avait explosé à Metz, en décembre dernier (4-1), il n'a encaissé que trois buts lors des huit dernières rencontres. De quoi renforcer son rang de deuxième meilleure défense du Championnat, derrière Metz.
Le second volet est tout aussi important, puisque près de la moitié de ses réalisations (33) ont été inscrites à la suite d'un coup de pied arrêté. Comme le but victorieux au Havre, consécutif à un corner de Johansen. « C'est un aspect que nous travaillons constamment à l'entraînement, rappelle Papin. Quand on voit ce que ça rapporte, on doit avoir raison. »
JOAO PAULO. - Arrivé en janvier en provenance des Young Boys de Berne, l'attaquant brésilien a rapidement justifié son statut de buteur. Deux petits matches d'adaptation ont été nécessaires avant qu'il n'ouvre son compteur. Au Havre, il a trouvé le chemin des filets pour la troisième fois en quatre matches.
« Joao n'est peut-être pas étincelant dans le jeu, mais il est efficace, convient Papin. C'est un casse-tête pour la défense, parce qu'il remue constamment dans la surface. A force d'y traîner, il récupère des ballons de but. »
Au côté de l'attaquant Auriverde, Hervé Tum semble avoir pris une nouvelle dimension. Le Camerounais, inlassable travailleur, est enfin récompensé de ses efforts. Outre ses six buts, il pèse sur les défenses. « On a retrouvé le Hervé de la saison dernière, à Metz, dit JPP. Des soucis au genou l'ont longtemps freiné. Depuis qu'il ne ressent plus rien, il est énorme physiquement. »
OPTIMISME. - Même dans la difficulté, les Bleus n'ont jamais laissé le doute prendre racine. Dans le sillage de leur entraîneur, homme qui ne s'appesantit pas sur le passé, ils sont habités d'une confiance à toute épreuve, parfois désarmante.
Peut-être que cet état de fait a permis de passer sans encombre les « étapes de plaine », selon JPP, face aux équipes du bas de tableau et d'enclencher le braquet supérieur au moment d'aborder « la haute montagne. » Avant de conclure : « C'est un groupe sain, il n'y a aucun problème, les gars sont tranquilles et bossent dans la sérénité. »
Meilleur bilan en 2007 avec
huit matches sans défaite
PHYSIQUE. - C'est en quelque sorte son credo. Papin, entraîneur qui s'applique à lui-même une discipline de fer, ne mégote pas quand il s'agit de peaufiner la condition physique. Après un gros travail foncier l'été dernier, le staff en a remis une petite couche lors de la trêve hivernale. Non sans soucis, des garçons comme Devaux ou Tum traînant la patte quelques semaines.
« A l'entame de la dernière ligne droite, on est bien sur ce plan-là, assure Papin. On peut se focaliser uniquement sur le jeu et la récupération puisque le physique est au taquet. »
SÉRIE. - Après sa victoire au Havre, le Racing en est à huit matches sans défaite, ce qui lui permet d'afficher le meilleur bilan en 2007. Metz, Caen et le Havre ont tous perdu depuis le début de l'année. La dernière série avait vu les Strasbourgeois rester invaincus 12 matches, entre la défaite à Amiens (1-0, 2e journée) et celle à Reims (2-0, 15e journée). S'ils rééditent cette performance, ils ne seront pas loin de la Ligue 1, les quatre prochains adversaires étant Ajaccio, Grenoble, Caen et Gueugnon.