Guingamp vu par Ali Bouafia Ali Bouafia sera à 100% derrière le Racing.Voisin de la cité bretonne, le recruteur du Racing dans l’Ouest, Ali Bouafia, considère que Guingamp, dernier club de sa carrière professionnelle, s’est extrait de la zone rouge en Ligue 1 au moment idéal avant la finale.
Il a donné rendez-vous à Binic. Ali Bouafia y a ses habitudes. « C’est à cinq minutes de chez moi. J’aime y venir le matin boire un café en lisant les journaux. »
C’est dans ce quartier pittoresque, où il savoure un expresso, que l’Ic, petit fleuve breton, se jette dans la Manche. À un vol de mouette, on aperçoit le port. Derrière, l’immensité bleue.
Voilà bientôt vingt ans que celui qu’on surnomme “Mouche” s’est posé près de Saint-Brieuc, à un millier de kilomètres de son Mulhouse natal, là où tout a commencé pour le milieu offensif retraité.
Pour la troisième fois, son grand ami et ex-coéquipier Marc Keller l’a rappelé à l’été 2017. Le président du Racing l’a enrôlé comme superviseur dans l’Ouest de la France. Son contrat initial, qui courait sur un an, s’est mué en CDI l’été dernier.
« Je n’ai vu personne les surclasser »
Entre ses racines alsaciennes et son port d’attache breton, l’ancien international algérien continue à faire le grand écart.
Il a ouvert sa carrière au FC Mulhouse et l’a refermée en 2000 à Guingamp, en Ligue 2. C’est aussi chez les Rouge et Noir qu’il a connu une brève expérience de directeur sportif (2000-2002).
Par sa proximité, à tous points de vue, avec le club costarmoricain, Ali Bouafia semblait tout désigné pour une mission d’espionnage. Mais non…
« Le staff a sa propre manière de fonctionner, à base de vidéo. Il n’a jamais fait appel aux recruteurs pour observer les adversaires. Ça nous permet de rester centrés sur nos attributions. Maintenant, comme Guingamp se trouve dans ma zone, j’y vais aussi souvent que mon planning me le permet. Sur les quinze matches au Roudourou, j’ai dû en voir sept ou huit. »
Une assiduité qui lui permet d’avoir une vision assez nette de la saison guingampaise. « EAG s’est plombé en perdant ses six premiers matches. Jusqu’à la fin, il traînera ce départ raté comme un boulet. Mais il va peut-être se sauver. Il est lancé dans un championnat à trois (avec Dijon et Caen) et va tout faire pour finir 18e et barragiste. C’est possible. »
Ça l’est d’autant plus qu’à ses yeux, l’équipe de Jocelyn Gourvennec n’a rien à envier à la plupart de ses rivaux en Ligue 1.
« Longtemps, rien n’a souri aux Guingampais. Ils ont souvent perdu sur des faits de jeu. Il ne leur manque pas grand-chose. Je n’ai vu personne les surclasser. »
Dans leur(s) malheur(s), les Bretons ont quand même réussi à s’extraire des deux derniers rangs, à la faveur de leur succès contre Dijon l’autre samedi (1-0).
Un renouveau qui, selon le recruteur alsacien, ne doit rien au hasard. « Leur force, c’est leur état d’esprit, leur solidarité. Ils ne lâchent rien parce qu’ils savent qu’ils ne s’en sortiront que comme ça. Mais ils ont un calendrier difficile et leur calamiteux goal-average est un tel handicap qu’ils devront, en fin de saison, compter un point de plus que leurs concurrents. »
« Guingamp a gagné deux Coupes dont il n’était pas favori »
À défaut de faire feu de tout bois, le club breton a, ces dernières semaines, serré les rangs (1 but encaissé en 5 matches), après avoir serré les dents et le reste.
« Les Guingampais ne sont plus relégables. Bien sûr que ça peut jouer psychologiquement. Tous les confrères que je croise sur les terrains font du Racing le favori logique. C’est le danger. Car dans une finale, le contexte, la pression et l’environnement sont différents. Pour Guingamp, c’est une oxygénation. N’oublions pas que le club breton a gagné deux finales de Coupe de France dont il n’était pas favori (les deux contre Rennes, 2-1 en 2009 et 2-0 en 2014). »
Samedi, le choix d’Ali Bouafia, tout Breton d’adoption qu’il soit, sera celui du cœur, des racines et du ventre. Il sera au stade Pierre-Mauroy au soutien des hommes de Thierry Laurey. « Je suis salarié du Racing où j’ai joué (de 1992 à 1995) et j’en suis supporteur à 100 %. J’ai une proposition à faire aux Guingampais : on leur laisse le maintien en Ligue 1, ils nous laissent la Coupe de la Ligue. »
Pas sûr que cette offre reçoive l’agrément de Guingamp.
dna