Un post que j'ai découvert sur le forum du FC Metz.
Il est un peu long (même trés long) mais il est remarquable.
Je ne suis pas du tout supporter du FC Metz mais force est de reconnaitre qu'il y a gens intelligents et émouvants partout.
Merci, Monsieur.
Une belle leçon pour tous.
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J'ai une maîtresse...
Dont je suis follement épris. Elle ne fait pas son âge, je la trouve belle et radieuse. Notre amour est impossible, nous vivons de furtives rencontres, un écran nous sépare et pourtant je vibre dès qu'elle paraît, il lui suffit d'être là pour que mon coeur s'emballe. Pourtant je ne viens plus guère par ici, car on la couvre de quolibets, et la souffrance de voir un être aimé couvert de ridicule, même si c'est à juste titre, ne s'atténue guère par la réalité de sa justification. Même si l'extase n'est pas au rendez-vous, ces derniers temps, même si on s'effleure sans jamais se rejoindre, même si on se quitte si souvent frustrés, il lui suffit d'allumer ses lumières pour que mon coeur s'emballe.
Je l'aime, et, comme dit le poète « parce que c'était elle, parce que c'était moi », tout simplement. Et c'est parce que je l'aime, que je n'exige rien en retour, aveuglé que je suis par la douce brûlure qui zèbre mon âme quand elle s'éloigne de mes espoirs pour sombrer vers un naufrage annoncé. Perdue, humiliée, malade, je serais à son chevet, et je lui dirais les paroles tendres de ceux qui croient au réconfort des mots parce qu'ils n'ont rien d'autre à donner. Oui je suis de ses amoureux transis, prêt à donner plus qu'à recevoir, prêt à pardonner plutôt que d'exiger, prêt à pleurer plutôt qu'invectiver face à un destin contraire dont la dureté ne se trouve adoucie que dans la promesse d'une fidélité sans faille.
J'avoue l'impuissance, je constate les regrets, je m'habille de rêves qui m'aident à vivre.
Et je sais qu'elle n'aura qu'à paraître, pour que tout recommence...
Des têtes, des têtes... qu'on nous donne des têtes en pâture...
La lecture du forum me plonge à chaque fois dans le même déchirement L'essentiel de sa prose se résume en trois tendances.
L'Eructation...
Ici c'est le règne du défoulatoire. Résonnent les cris de haine, l'appel au sang, les rancunes tenaces se succèdent aux stigmatisations nauséeuses. L'insulte y bourgeonne des promesses de fiel, la nausée affleure et sert de vivier aux frustrations que la colère transforme en fleurs vénéneuses. Sa lecture m'est difficile, les hommes y sont traîné dans cette boue qui couvre si souvent les victimes d'un acharnement collectif qui éveille en moi des souvenirs lointains, quand la certitude d'avoir raison justifiait tous les crimes... Le forum est une caisse de résonance où les tambours de la vindicte se perdent en échos sourds...
Les Procureurs...
Ils instruisent à chargent. Princes de l'analyse, éminents techniciens, ils savent par une démonstration idoine, éclairer les dysfonctionnements. Chacun à sa marotte, et sa cible privilégiée, et tout au long de ces constructions habiles, ils parviennent, sans jamais se décourager, à stigmatiser les défauts d'un système dont l'échec sportif nourrit l'investigation incessante. La lecture de ces ouvrages est passionnante, car l'argument y est très sur, parfois documenté, toujours empreint de conviction illustrée par le verbe, illuminé par la logique, transcendé par le pouvoir de détenir sa vérité.
Les Discrets Fidèles...
Pour eux, c'est l'enfer. Ils disparaissent les uns après les autres à mesure que le club s'enfonce, renonçant à défendre l'indéfendable, honnis des procureurs qui leurs reprochent leur aveuglement, et agonis d'injures par les eructeurs qui les assimilent à des moutons. Ils me font penser plutôt à des agneaux, ceux dont on fait les sacrifices... Ils ont leur amour en bandoulière, la confiance effritée, mais suffisante pour continuer d'avancer, comme une troupe en première ligne, dont les rangs se clairsèment sous les balles du réel...
Au fond le forum résume assez bien toute la gamme de sentiments qui me traverse... Je m'y retrouve dans les excès autant que dans la retenue, et les analyses nourrissent ma réflexion. Mais je renonce à trouver le moindre remède, et à réclamer la moindre tête, laissant ceux qui détiennent les rênes la responsabilité de mener la barque. Lâcheté, dirons les uns, lucidité répondrais-je, en baissant les yeux...
LE FC METZ EST MORT...
Aujourd'hui, les abcès se percent, le pus se répand, on peut y voir un bienfait tout comme menace la septicémie...Et finalement comme dans chaque période de crise on s'interroge sur son identité. Et reviennent ces valeurs chères à notre souvenir...
Autant le dire tout de suite, ces valeurs chères à notre coeur, celles de l'incarnation d'une âme lorraine, mosellane, celles du Fer et du Charbon, celles d'une immigration réussie, celles d'un peuple modeste et industrieux, celle de la fierté et de l'obstination, celles des gens de peu durs au travail et amoureux du travail bien fait qui plonge ces racines dans une histoire douloureuse faites d'aléas sanglants, d'exils et de retours, constitutifs d'une identité, bref ce mythe, a vécu.
Il est mort un soir de printemps 1984, quand Paris et son métro embaumait la mirabelle (merci cher François Charles Michel..) et qu'un petit peuple agonisant d'un Longwy déjà mort, d'une sidérurgie en sursis, et de mines qui vivaient leur chant du cygne, petit peuple disais-je, s'étonnait d'être convié à des fastes inédits. Ce soir là, dans les sifflets qui couvrirent Mitterand fossoyeur d'un destin déjà joué, et les bravos d'une foule enlarmée de victoire, ce soir là seulement, le club incarna ce moment unique où l'histoire rejoint la légende. Une défaite nous aurait auréolé d'un gloire triste, comme une fatalité irrévocable, la victoire nous berça d'illusions, sur laquelle nous bâtîmes une croyance qui allait nous porter jusqu'à l'aube du troisième millénaire...
Je suis le premier à y avoir cru. Et malgré la lucidité qui m'étreint, je continuerais d'y croire, avec romantisme et en faisant taire ce qu'il y a à désespérer dans le genre humain.
Je ne suis pas de ceux qui réclament des têtes. Je n'ai aucun plaisir à stigmatiser tel ou tel, sachant bien que les responsabilités sont diffuses et que la réussite dans le sport tient à une alchimie fragile. On a coutume de comparer le club a une entreprise. La comparaison a ses limites. Nous ne produisons pas ici de biens ou de services reproduits à l'identique. Si structurellement le FC Metz est une entreprise, sa production n'est en rien fondée sur une quelconque production en série. Le FC Metz n'a rien a vendre d'autre que du rêve. Bien sur les investissements sont faits pour obtenir les meilleures chances d'y parvenir en fonctions d'objectifs fixés. Mais les investissements ne sont en rien la garantie d'une réussite....
Alors aujourd'hui la Lorraine n'a plus rien à voir avec celle de 1984... Pas plus que le FC Metz d'aujourd'hui ne ressemble à celui d'antan... Et pourtant la lucidité nous porte à constater que le seul point commun qui demeure est la modestie des moyens.
Molinari, Muller, Ettore sont sans doute des dinosaures. Survivants d'une époque où le miracle sportif pouvait parfois s'affranchir des moyens. C'est de cette époque antédiluvienne que les gens de ma génération nourrissent leur rêves. Aujourd'hui je me sens dinosaure...
Il ne me reste plus que l'amour pour le club, la foi dans ceux qui y croient encore et l'aveuglement d'espérer un printemps 84 pour ne pas sentir le temps qui passe et ride mes souvenirs autant que mon avenir.
Et quand les cris des joueurs résonneront dans l'enceinte vide d'un stade de L2, je réchaufferais mon coeur meurtris par mes applaudissements dérisoires dans la solitude du dernier carré de fidèles...
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Finir? Non, le voyage ne s'achève pas ici.
La mort n'est qu'un autre chemin qu'il nous faut prendre.
Le rideau de pluie grisâtre s'ouvrira et tout sera brillant comme l'argent.
Alors, vous les verrez !
Les rivages blancs et au-delà la lointaine contrée verdoyante sous un fugace levée de soleil.
Courage Jimmy !
Schilles tel que vous ne l'avez jamais vu https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=gtslFXBB3YM