RUW Vainqueur de la Ligue des Champions
Nombre de messages : 18304 Localisation : Saint-Chamond Date d'inscription : 12/12/2006
Informations Club préféré: OL / RCS Profession: Cuisinier | Sujet: Portier sans papiers Lun 7 Avr 2008 - 9:42 | |
| Portier sans papiers
| | Nadia Chergui/Top Image | Manu Asan est le gardien de Soleil Bischheim cette saison. Il est aussi l’un des grands artisans du bon exercice du club bischheimois, notamment sur le plan défensif. Mais c’est une autre bataille qui l’attend désormais :
Photo : Manu Asan réalise une très belle saison avec Soleil Bischheim, pour l’instant en position de remonter en Division d’Honneur.
Depuis un mois, Emmanuel Ngwa Asan est en situation irrégulière. Le jeune gardien du FC Soleil Bischheim, qui a fêté ses 22 ans le 15 mars, a entamé une bataille décisive afin d’obtenir un titre de séjour. D’ici une dizaine e jours, il devrait être fixé sur son sort. « Mon dossier est bon, mais on ne sait jamais », explique le jeune joueur bischheimois. C’est vrai que les temps ne sont pas à la clémence malgré de vrais arguments. Manu est en effet titulaire d’un contrat de travail à durée indéterminée depuis le 24 décembre dernier et il est surtout le papa de Fabio, un garçon de deux ans, déjà opéré du cœur et qui attend une nouvelle opération prochainement. « Heureusement que j’ai le foot pour me vider la tête, je crois que j’aurais déjà craqué autrement », raconte le gardien camerounais.
Arrivé par hasard
Son aventure en Alsace débute au cours de l’été 2003. Alors joueur du Diamant Club de Yaoundé, il est retenu pour un stage de préparation au mondial des 17 ans qui doit se dérouler en Finlande au mois d’août. Le stage se déroule en Allemagne. Anatole Abe’e, le sélectionneur des jeunes « Lions indomptables » lui demande de verser la somme d’un million de francs CFA (environ 1500 euros) pour qu’il l’emmène en Finlande. « Je me suis retrouvé coincé en Allemagne. J’ai joint une tante qui habitait Haguenau. Elle est venue pour tenter d’arranger la situation, mais il n’y avait rien à faire. Je suis rentré avec elle en Alsace. Je me souviens, c’était le 2 août 2003, l’année de la canicule ! ». Finalement, Manu, 17 ans à peine, rejoint un oncle qui habite à Schiltigheim, à deux pas du stade de l’Aar. « Un soir de septembre, j’ai vu des gras qui s’entraînaient, j’y suis allé. Je n’avais même pas d’équipement. Je me suis entraîné avec Régis Kaminski qui m’a demandé de revenir le lendemain et j’ai été pris ». Seulement voilà, le club camerounais de Manu refuse d’envoyer une lettre de sortie internationale. Le jeune gardien reste une année entière sans jouer. La saison suivante, l’affaire s’arrange enfin et Manu fait ses débuts avec les 18 ans des Verts. « Je ne me souviens plus de l’adversaire, mais on avait gagné 3-2. Je m’entraînais en individuel avec Christophe Schlencker qui s’occupait des gardiens du club ». Un peu plus tard, Manu évolue en Division d’Honneur pour un premier match, et une première victoire, face à Steinseltz. Aligné régulièrement en DH, il fait quelques incursions en championnat de France. « Il y avait Sébastien Michel et Laurent Wolff. Quand Sébastien est parti, c’est Pascal Jechoux qui est arrivé. C’est souvent moi qui en faisait les frais ».
Recherche d’un travail
Titulaire d’un bac pro, Manu se voit obligé de chercher un travail pour nourrir sa famille avec l’arrivée de Fabio. « A la fin de la saison dernière, j’ai expliqué ma situation aux dirigeants du Sporting. Je n’ai pas senti une grande envie de leur part de me conserver. J’avais été contacté par Soleil qui m’a promis de m’aider ». Après un premier CDD de trois mois, Manu est embauché en décembre dernier et se sent à l’aise dans son nouveau club. « Il y a un esprit très familial ici. On sent vraiment le soutien des dirigeants, quant au coach, Alexis Maître, il est un peu comme un père pour moi ». Et Manu le lui rend bien en effectuant une très belle saison. Si le club bischheimois affiche les meilleures statistiques défensives de l’Excellence, il le doit notamment à son gardien qui s’est encore montré décisif l’autre soir, en 16e de finale de Coupe d’Alsace, face à Vauban, lors de la séance des tirs au but. « J’avais envie de me faire pardonner la séance des tirs au but ratée en Coupe de France contre les Portugais de Sélestat, mais aussi les derniers matchs de championnat où j’avais manqué de tranchant par rapport à ce que je sais faire ».
Aller au bout ?
Comme tous ses coéquipiers, Manu Asan est fixé sur la ligne bleue de l’horizon. Celui qui doit mener Soleil en Division d’Honneur pour la 2e fois de l’histoire du club. « Je crois vraiment qu’on a les moyens d’aller au bout. De toutes façons, on n’a pas le droit de lâcher maintenant. On n’a pas le droit de décevoir les dirigeants qui nous soutiennent ». Lui qui a goûté à l’antichambre de la sélection nationale camerounaise ne se pose pas trop de questions sur son avenir. « Je suis encore jeune. Je m’entraîne pour progresser mais je sais aussi me contenter de ce qui m’arrive et je sais aussi que l’on peut passer très vite de l’ombre à la lumière et vice versa ». En attendant d’autres challenges sur le terrain, Manu a une autre bataille à remporter. Celle qui doit lui permettre de rester en France aux côtés de son fils. Elle est loin d’être gagnée d’avance.
Stéphane Heili
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