Un ancien Strasbourgeois s’est confié sur un trépidant passé Larios dans tous ses états
Avec un parcours aussi brillant sur le terrain qu’agité en dehors, l’ancien milieu de terrain du Racing a vécu sans limite, avec excès. À 61 ans, un peu rangé des voitures, Jean-François Larios a décidé de s’arrêter sur ses trépidations innombrables. Sans langue de bois, il décrit un passé où il ne s’est pas ménagé.
Sa voix éraillée, son visage éprouvé mais un éternel sourire au bord des lèvres, Jean-François Larios ne peut pas se cacher. D’ailleurs, il ne le tait pas. La chandelle, il l’a grillée par les deux bouts.
« On mange quand même sacrément bien en Alsace »
Et dans le livre qu’il a commis en collaboration avec Bernard Lions, journaliste à l’Équipe , l’ancien milieu de terrain, formé à l’ombre de Geoffroy-Guichard, ne tourne pas autour du pot. Dans le titre, tout est dit : « J’ai joué avec le feu, le foot, le fric, le dopage, mes amours, mes emmerdes ».
Dans le détail, les épisodes sont savoureux et rappellent tout de même la stature d’un international, au palmarès long comme un jour sans pain. Jean-François Larios a décidé de tout dire et les raisons qui ont conduit à ne pas faire partie de l’histoire officielle, dans toute sa splendeur, apparaissent.
C’était un fêtard, c’était un flambeur, c’était un tombeur et ses travers ont pu le conduire dans quelques impasses. L’homme de 61 ans aujourd’hui a été chassé de la maison verte parce qu’il ne fallait pas toucher à Michel Platini, ni à sa femme. Le talentueux garçon s’est vu conseiller quelques produits illégaux lors de matches d’importance. Son corps a parfois dit stop alors que les blessures liées à une vie dissolue ont pu s’accumuler.
Mais y a-t-il de quelconques regrets ? A priori non, car la frénétique existence a été ponctuée d’amitiés vraies. Ainsi, son année alsacienne n’a pas été la moins intéressante en la matière.
« C’est vrai, je n’ai joué qu’une vingtaine de matches avec le Racing (1985-1986), admet-il. Mais je m’y suis bien éclaté. On mange quand même sacrément bien en Alsace et puis il y a la bière Fischer. Sportivement, cela a été un échec avec une descente à la fin. » Physiquement, Larios est déjà sur la jante, a les genoux qui sifflent, quand il déboule à Strasbourg.
« Piasecki ? Une tête de lard »
Mais il retrouve avec plaisir Georges van Straelen sous le maillot bleu et découvre Rémy Vogel. L’homme aux quatre titres de champion avec l’AS Saint-Étienne pratique également allègrement Jean-Henri Jaeger, l’émérite chirurgien qui a reconstruit tant de footballeurs.
Parmi les épisodes contenus dans le livre, l’agitation historique autour du Racing trouve quelques illustrations emblématiques. « Francis Piasecki avait une frappe de mule, c’est un joueur que j’admirais, l’un des grands artisans du titre de 1979, mais sur le banc, avec moi, ce n’était pas ça, souligne le pied-noir demi-finaliste de la Coupe du monde en 1982. Il m’a mis sur le banc, il ne m’a pas fait jouer dans les meilleures conditions. C’était une tête de lard. »
Après sa saison strasbourgeoise, il se contentera d’une trentaine de matches en pro avant une forme de descente aux enfers. Pour un footballeur, la retraite sportive correspond à une petite mort.
Larios, lui, est passé par les stades les moins marrants d’un quotidien en manque d’adrénaline. La dépression, le divorce, les problèmes avec le fisc, les condamnations dans le procès des comptes de l’OM puisque son activité d’agent l’a amené à quelques pratiques suspectes, constituent le chapelet des maux si caricaturaux qui l’ont frappé.
« J’ai eu des problèmes de santé aussi, les médecins m’ont ouvert trois fois le ventre mais ça va, je ne me plains pas, souligne-t-il. J’ai vécu des ruptures, nombreuses, je suis tombé, je me suis relevé, j’ai payé pour ce que j’ai fait. » Un peu comme le Racing finalement, dont il se réjouit de la renaissance. « Strasbourg, c’est Strasbourg, bon sang, lâche-t-il dans un éclat de rire. Ce que font Keller et Laurey, c’est extraordinaire.
Entre Perpignan et Paris, lui vit désormais plus modestement entre quelques amis de longue date, sa sœur.
« Suis-je devenu un clochard ? conclut-il dans le livre. Mais alors un clochard de luxe, je n’appartiens à personne, je suis un homme libre. » Et à l’écouter, il n’a pas nécessairement l’air d’un homme malheureux.
« Jean-François Larios : j’ai joué avec le feu », Solar Éditions
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Jean-François Larios : «Je suis un clochard de luxe» - Le Parisien
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