Quand le Racing a remporté sa deuxième Coupe Gambardella, le 27 mai 2006
41 ans après le premier succès du club, les jeunes pousses du Racing soulevaient en 2006, aux dépens de l’Olympique Lyonnais d’un certain Karim Benzema, la Coupe Gambardella pour la seconde fois. Retour sur cette virée au Stade de France avec l’un de ses acteurs, Thomas Zerbini.
En cette fin de saison 2005-2006, l’Olympique Lyonnais venait de s’offrir le cinquième de ses sept sacres nationaux consécutifs. Karim Benzema n’avait alors marqué qu’un seul but en Ligue 1 mais avait déjà trouvé une fois le chemin des filets en Ligue des champions.
Ce 27 mai 2006, le futur attaquant du Real Madrid et de l’équipe de France devait se rêver en héros de la finale de la Coupe Gambardella, un an après avoir durement subi la loi toulousaine au Stade de France (6-2). Hatem Ben Arfa, lui, faisait déjà dans la polémique (*), mais la classe 87/88 de l’OL, avec dans ses rangs Loïc Rémy et Anthony Mounier, avait quelques arguments pour faire fi de cette absence offensive.
Les mots de Claude Fichaux
En débarquant en Seine-Saint-Denis, le Racing – privé de Kevin Gameiro (victime d’une rupture des ligaments croisés fin février) – n’avait clairement pas les faveurs des pronostics. Et ça, ça a un peu agacé les jeunes pousses strasbourgeoises.
« Je me rappelle qu’on avait lu un peu partout que la victoire ne pouvait pas leur échapper, se souvient Thomas Zerbini, l’emblématique milieu de terrain de l’US Sarre-Union depuis 2013. Avant le match, Claude Fichaux
(l’actuel adjoint de Rudy Garcia, alors coach des 18 ans du Racing, ndlr) avait insisté là-dessus. Il nous avait fait comprendre que ce match-là, on pouvait aller le chercher. On s’était dit qu’on n’allait rien lâcher. »
Fin meneur d’hommes – « Je me souviens qu’il nous avait demandé avant chaque match à partir des quarts de finale d’écrire chacun un mot sur une feuille, du genre “grinta”, “solidarité”, et il l’affichait dans le vestiaire pour motiver l’équipe », glisse Thomas Zerbini –, Claude Fichaux a dû trouver les bons mots ce 27 mai.
Le Racing a réussi à prendre les commandes juste avant la mi-temps sur un coup franc sous la transversale de Nordine Assami. Benzema a égalisé peu après le retour des vestiaires, mais l’OL ne pourra pas faire mieux.
« Je suis sorti avant la fin, j’étais cramé »À peine entré en jeu, Julien Olivier redonne l’avantage aux Strasbourgeois (80e ) – « Sur son deuxième ballon, il a mis une “patate” en lucarne », en pétille encore Thomas Zerbini. Dans les arrêts de jeu, Simon Zenke sera le troisième à trouver le chemin des filets de Rémy Riou.
« C’était un match intense et je suis sorti avant la fin, j’étais cramé. Je me souviens de la joie sur le banc quand Simon a marqué. Là, on savait qu’ils ne pouvaient plus revenir et qu’on avait gagné. C’était énorme ! », se remémore un Thomas Zerbini qui mesure davantage quatorze ans plus tard la portée de cette victoire que sur l’instant.
« Sur le moment, tu savoures, tu es heureux, mais c’est presque normal parce que tu suis ton cursus en centre de formation. Plus tard, tu te rends compte de ce que ça représente. Encore maintenant, il y a des gamins dans le vestiaire qui me sortent : “C’est vrai que t’as gagné la Gambardella ?”. Ben oui…, rigole le pétillant “Monsieur Z”. Ce n’est pas tout le monde qui peut dire qu’il a gagné la Gambardella. »
Karim Benzema ne l’a jamais gagnée. Il s’en est largement consolé depuis et a eu bien d’autres occasions de fouler la mythique pelouse du Stade de France.
Si Thomas Zerbini a, lui, connu d’autres beaux moments dans sa carrière – « le huitième de finale de Coupe de France contre Lorient avec Sarre-Union ou la montée en National avec Colmar », rappelle-t-il –, cette victoire reste à part.
La dernière de Zidane au Stade de France
« Notre force, c’était la cohésion qu’il y avait entre les deux générations, les 87 et 88, ce qui n’est jamais évident avec la concurrence dans un centre de formation, souligne Thomas Zerbini. On est encore beaucoup à être en contact, comme Stéphane Tritz, Anthony Weber,
(Jean-Alain) Fanchone. Je croise souvent Quentin Othon sur les pelouses depuis qu’il est avec la réserve du Racing. »
Il reste aussi de ce 27 mai des souvenirs toujours émerveillés. « Le Stade de France, c’est quand même quelque chose. Quand tu es dans le couloir avant de rentrer sur le terrain, même si le stade n’est pas plein, tu ressens les frissons. Thierry Henry nous avait remis la médaille et on avait pu faire une photo avec lui. Je l’ai encore, confesse un Thomas Zerbini d’un coup groupie. L’équipe de France jouait après. On avait regardé le match. Zidane était monté tout seul sur la pelouse ce soir-là. »
Zinedine Zidane, sur la route du Mondial allemand, disputait alors, contre le Mexique, son dernier match dans ce Stade de France qu’il a tant marqué de son génie. Il a raison Thomas Zerbini, ce 27 mai 2006, c’était « quand même quelque chose ».
(*) Le président de l’OL Jean-Michel Aulas lui avait reproché d’avoir refusé de jouer ce match.
dna