dna a écrit:
Zoom sur le nouveau coach des gardiens de la sélection du Maroc Le destin royal de Laurent WeberLaissé libre par le Dijon FCO (Ligue 1) où il était en fin de contrat, le Colmarien Laurent Weber (48 ans) a donné à sa carrière une tournure inattendue en devenant coach des gardiens de l’équipe nationale du Maroc dirigée par Vahid Halilhodzic. Une opportunité royale.
Revenir au Racing, son club formateur, ne lui aurait pas déplu. Mais lorsque Laurent Weber a appris qu’il ne serait pas conservé à Dijon, peu avant la mi-mai, le Racing, dirigé par son ex-coéquipier Marc Keller, et Stéphane Cassard avaient déjà conclu un accord de principe qui ne demandait plus qu’à être officialisé.
Après neuf années en Côte d’Or, le Colmarien, qui vient de fêter ses 48 ans (ce mardi 1er septembre), se retrouve ainsi sur le marché restreint des entraîneurs de gardiens. Pas vraiment une surprise pour lui.
« Vahid est charismatique et impressionnant »
« Certaines personnes au DFCO ont estimé que nous étions à la fin d’un cycle et de l’histoire, raconte-t-il. La porte s’est fermée pour moi comme elle s’était fermée pour Olivier (Dall’Oglio, l’ex-défenseur du Racing aujourd’hui coach de Brest que l’Alsacien a assisté au centre de formation dijonnais en 2011-2012, puis chez les pros jusqu’à son limogeage fin 2018) après six années et demie de bons et loyaux services. C’est une décision à laquelle je m’attendais et que je respecte. Je ne me lamente pas. C’est la vie du foot. Quand on travaille dans ce milieu, on sait que ça arrive. »
Il se plaint d’autant moins qu’il n’est pas resté longtemps dans l’incertitude. Juste le temps que « le jeu des chaises musicales se mette en place. » Grégory Coupet, précédemment en poste à Lyon, lui succède alors à Dijon. Dans le Rhône, l’ancien international n’a pas été gardé non plus et a cédé sa place à Christophe Revel qui a résilié ses trois ans de contrat avec… le Maroc.
« Vahid Halilhodzic (le sélectionneur des Lions de l’Atlas) cherchait un entraîneur de gardiens. Il s’est renseigné auprès d’un ami commun qui m’a recommandé », raconte celui qui a fait toutes ses classes à Strasbourg, mais n’y a disputé qu’un match en pros, à Bastia le 9 novembre 1994 (succès 1-0). « Il m’a appelé et mi-juin, nous avons eu un entretien chez lui à Paris. C’est un personnage charismatique, impressionnant, avec beaucoup de prestance. J’ai tout de suite dit oui, je ne me suis pas posé la question. »
Il est vrai qu’il n’a nul besoin de sortir son Atlas pour situer son nouveau port d’attache. « Ça fait dix ans que l’on passe des vacances familiales à Marrakech. J’apprécie le mode de vie et la gentillesse des Marocains. » Le ''conseil de famille'' donne tout aussi rapidement son aval.
Fin juillet, Laurent Weber débarque à Rabat et y paraphe un bail de trois ans. Sa femme Marylène et une partie des enfants - les plus âgés sont restés en France pour leurs études – lui emboîtent le pas. « Quand tu travailles en club, tu te dis parfois qu’une sélection, ça doit être sympa aussi. Cet été, il n’y avait pas beaucoup d’opportunités en France. Pour autant, je n’étais pas du tout préparé à partir à l’étranger. Le Maroc, qui n’est pas n’importe quelle sélection, m’a offert cette chance. Il a des objectifs élevés : la qualification pour le Mondial 2022 au Qatar et à la CAN 2022 qui a lieu quelques mois plus tôt. C’est passionnant. »
« C’est une reconnaissance »La famille Weber s’est donc embarquée sans hésiter dans une aventure à la fois professionnelle (voir ci-contre) et personnelle. « La condition, c’était de vivre au Maroc. Ça vaut d’ailleurs pour tout le staff. Nous habitons tous à Rabat, une ville verte, fleurie, où il fait bon vivre. C’est la ville du Roi. On s’y sent vraiment bien. La découverte d’un pays et de sa culture est une belle expérience, enrichissante. Elle le sera aussi pour les enfants. Nous nous sommes vite adaptés à notre nouvel environnement. Ce n’est pas désagréable (sourire). »
S’il s’amuse de ce joli « clin d’œil du destin » alors qu’il était libre, Laurent Weber se dit convaincu que l’offre marocaine est le fruit de son labeur dijonnais. « Je suis quand même un peu entraîneur des gardiens, non ? », glisse-t-il avec humour et, surtout, la conviction de n’avoir pas usurpé sa nomination. « C’est une reconnaissance de tout ce qui a été fait. Il n’y a pas de hasard. C’était écrit. »
Le plus beau reste peut-être – sans doute ? – à écrire.
« Une autre façon de travailler »De Louhans-Cuiseaux à Rabat : voilà l’itinéraire emprunté par Laurent Weber depuis l’arrêt de sa carrière en 2008 et son passage direct sur le banc du club bressan aux côtés de Stéphane Crucet, l’actuel coach de Schiltigheim.
Aujourd’hui, l’ex-portier, qui a débuté minot à Colmar et y est brièvement repassé, dans le staff, en 2010-2011, fréquente au quotidien le complexe sportif Mohammed VI, le centre national de Maamora inauguré par le Roi en décembre, fief des sélections. « C’est le Clairefontaine marocain, un écrin extraordinaire de 30 hectares, avec quatre hôtels, des terrains magnifiques. »
« Une flèche de plus pour mon arc »Même si le travail est calé sur un temps plus long qu’en club, le Colmarien y rejoint tous les jours le reste du staff. « Quand tu es sur le terrain tous les jours dans un club, tu as le nez dans le guidon. Là, c’est une autre façon de travailler. En vue des rassemblements d’octobre pour des matches amicaux et de novembre pour la reprise des éliminatoires de la CAN 2022 (Ndlr : le Maroc est en tête de son groupe) , on fait beaucoup d’observation, surtout en vidéo, car pour l’instant, du fait du Covid, on ne peut pas voyager. Je communique aussi avec les gardiens de la sélection, notamment Yassine Bounou qui vient de remporter la Ligue Europa avec le FC Séville et a été très bon. Mais quand débuteront les rendez-vous internationaux, nous entrerons dans une autre dimension. »
Avant cela, Laurent Weber partira à la rencontre des internationaux et découvrira de nouveaux clubs, infrastructures et horizons. « C’est une nouveauté pour moi, oui, une flèche de plus pour mon arc. Ça va m’apporter autre chose. »