Le Racing en stage à Niederbronn-les-Bains
Question de liens
Les Strasbourgeois se sont consacrés à une semaine de préparation intense, studieuse et rigolarde à Niederbronn-les-Bains. Pendant six jours, ils ont pensé foot et collectif, dans un cadre idéal, la Ligue 2 dans un coin de la tête.
Là, tout est luxe calme et volupté. Ça ne les a pas empêchés d’en baver. Dans le parc des Vosges du Nord, le Racing a pris ses quartiers tout au long de la semaine avant de remballer les gaules aujourd’hui. Dans le cossu hôtel Müller, Seka, Oukidja et les autres ont surtout… récupéré, car le quotidien était tout de même ponctué par d’intenses séances d’entraînement. Mais pas que.
Il fallait rompre avec la routine en passant de la Meinau au stade Paul-Weber. Et trouver de la fraîcheur, encore que le rafraîchissant était tout relatif dans la petite ville pentue, au dénivelé incontestable – de moins de 200 mètres d’altitude à près de 600. Au terme de l’intense séance de mercredi, des sollicitations locales ont également permis aux Bleus de mesurer l’engouement autour d’eux.
Noelyne, une gamine aux cheveux blonds, a guetté les joueurs après leurs efforts sur le terrain. Elle avait une chaise de fabrication familiale, décorée par la grand-mère et a pu récolter les autographes de toute la bande. En cette contrée forestière comme un peu partout en Ligue 2 à partir de vendredi prochain, le Racing sera attendu au coin du bois. Mais un séjour tous ensemble permet d’aborder les échéances avec plus de conviction, a priori.
Oukidja : « Il y a de l’impatience mais il n’y a pas de pression »
« On est venu pour créer des liens, travailler la cohésion du groupe, souligne Alexandre Oukidja, le gardien, surtout du but alsacien mais un peu du temple comme quelques anciens. L’intégration des nouveaux s’est faite rapidement. De toute façon, ils ont intérêt sinon je leur tombe dessus. » Entre les soins, les suées et les siestes, le gardien n’a pas durablement gardé son masque de méchant, le troquant pour une rafale de plaisanteries.
La tête est (déjà un peu) au championnat à venir. Six ans après, le Racing va disputer un match de Ligue 2 et ça trotte dans les têtes. « Les supporters attendent ça, je vais découvrir une compétition, mais on compte sur l’expérience de ceux qui y ont joué et même au-dessus, souligne Oukidja. Il y a de l’impatience mais il n’y a pas de pression. On est promu mais on est aussi un grand club du foot français et nos futurs adversaires le savent. »
À plus de cinquante kilomètres de Strasbourg, plein nord, ils sont plus d’une vingtaine à avoir transpiré pour réussir la réintégration d’une place forte du foot français dans le monde pro. Mais ce n’est pas qu’une question de symbole.
Les travaux pratiques ont été au menu des joueurs une bonne partie de la semaine. Orchestrant les mouvements offensifs, à vide, précisant le positionnement des uns et des autres, Thierry Laurey s’est efforcé de jouer les chefs d’orchestre méticuleux pour préciser le cadre, réussir la mayonnaise, créer une osmose.
« Le Racing a des nouveaux joueurs, un nouveau staff et surtout un nouveau championnat à disputer, précise l’entraîneur. On veut créer un collectif sur le terrain mais aussi en dehors. Car c’est avec l’état d’esprit que l’on s’en sortira lors des matches compliqués. On travaille notre organisation mais on n’est pas non plus à la PlayStation. Il faut instaurer des repères où les joueurs auront de la liberté parce qu’on fait confiance aux joueurs. » Ceux-ci apprennent à se connaître autour d’activités communes, jeux de cartes, parties de jeu vidéo, discussions à bâtons rompus. Les plages de loisir sont appréciées et appréciables. Les règles de vie permettent de ne pas dépasser les bornes. Après 22h, chaque joueur est prié de regagner sa chambre. Les journées ont été suffisamment longues et les réveils matinaux. L’équipe de kiné est renforcée chaque soir, bains et soins sont innombrables.
Mais au cœur du séjour commun, personne ne s’essaye au moindre verdict définitif, même à l’aune d’un match amical réussi face à Sedan, joué mercredi devant un public nombreux et terminé dans la pénombre (4-0).
Une équipe tournée vers l’offensive
Du haut de son expérience accumulée, Thierry Laurey considère que « le travail physique effectué est pas mal. » « On manque de percussion, on n’est pas tranchant comme on devrait l’être, juge-t-il. Derrière, au milieu, on est cohérent… » Devant, un brin moins, ce qui ne s’avère pas une surprise quand Guillaume, Boutaïb ou Gragnic sont des nouveaux arrivés.
Le projet de jeu est défini : « Je ne veux pas une équipe offensive mais une équipe tournée vers l’offensive. L’ambition doit venir petit à petit. Un match de championnat peut tout remettre en cause, une défaite ou même une victoire peut nous amener à plus de réalisme au classement. Ou plus d’ambition. Le premier point, on ne pourra pas le faire avec les neuf ou dix premiers matches de la saison. »
Le niveau du Racing reste incertain, en fait comme celui des 19 autres pensionnaires de Ligue 2. Il ne sera pas définitif, dès le premier match, ni même après. L’équipe qui entame un championnat n’est pas celle qui le termine répètent les uns, les autres, prêts à compter sur un troisième. Assis sur un collectif construit, pour une bonne part, à Niederbronn-les-Bains, les Strasbourgeois sont presque prêts à en découdre avec un championnat que tout un club a hâte de redécouvrir.
dna