Hicham en plein rêve
Arrivé au Racing pour encadrer les jeunes de la réserve, Hicham Benkaïd se fait peu à peu une place au sein du groupe professionnel. Un « rêve éveillé » pour ce Strasbourgeois au parcours atypique. Portrait.
« Depuis la reprise, il ne m’arrive que des belles choses », lance Hicham Benkaïd, un grand sourire aux lèvres.
L’attaquant de 26 ans vient en effet de connaître deux semaines fastes. Après une première apparition à la Meinau face à Épinal en Coupe de France – où il a obtenu un penalty, puis marqué le 4e but strasbourgeois –, le joueur de Lingolsheim a enchaîné en Ligue 2, à Amiens.
« Prendre du plaisir »
Mais cette fois, sans que la victoire ne soit au bout pour les Alsaciens. « Pour ma première en L 2, connaître la défaite est frustrant, souligne l’attaquant entré en fin de rencontre. Surtout qu’elle n’est pas méritée. »
Mais le joueur qui s’est révélé aux SR Colmar a vite retrouvé le sourire. « Même si on a manqué de chance, on reste sur une bonne dynamique. »
Et surtout parce que le virevoltant ailier vit actuellement une sorte de « rêve de gosse ». Car rien ne prédestinait vraiment Benkaïd à devenir un joueur professionnel, si ce n’est son incroyable talent balle au pied.
Tout débute pour lui au FCSK 06, où il effectue ses premières classes. Il part ensuite au CS Neuhof (en moins de 18 ans), avant de faire un tour par Obernai (DH), puis de filer à Saint-Dié (CFA 2), lors de la saison 2010-2011. « Mais là-bas, c’était compliqué », lâche-t-il pudiquement.
Un peu perdu, il rentre en Alsace, signe au Galet, à Hautepierre, pour jouer en salle, tout en poursuivant sa carrière sur herbe à Dinsheim. S’il parvient à sauver le club d’Excellence de la relégation, il marque surtout des points en salle.
« J’ai reçu une pré-sélection pour l’équipe de France de futsal… alors que je ne savais même pas qu’il existait une équipe de France », en rigole encore le joueur des années plus tard.
Si cette sélection ressemble à une blague, elle permet quand même à Hicham Benkaïd de croiser Ribéry, Benzema ou Lloris à Clairefontaine. « C’était un rêve de côtoyer ces mecs-là et une superbe expérience humaine », se remémore le Franco-Marocain, qui a la chance d’aller au Portugal, en Macédoine ou encore en Biélorussie avec le maillot frappé du coq sur les épaules.
Mais au moment de choisir entre la salle et l’herbe, Benkaïd opte pour le grand air. Il rentre une nouvelle fois en Alsace, sans trop de certitudes. « Je ne savais plus trop ce que je valais sur herbe », lâche-t-il.
« Je n’y croyais plus trop… »
Timide, réservé et « en manque de confiance », Benkaïd ne sait pas trop à quelle porte frapper. C’est finalement son frère Hamza qui le pousse vers les SR Colmar. « Il avait joué là-bas et avait encore des contacts avec “Doumé” (Lirhmann). Je n’y croyais plus trop, j’avais un petit boulot à côté, mais mon frère m’a vraiment poussé. » Hamza a eu raison d’insister. Hicham Benkaïd s’impose rapidement en CFA 2 – il terminera meilleur buteur lors de la saison 2012-2013, avec 15 réalisations – et fait quelques apparitions en National.
À l’été 2013, Damien Ott lui fait signer un contrat fédéral. Il passera finalement deux années de plus à Colmar, qui s’achèveront tristement.
« Il y a eu beaucoup de péripéties à Colmar, mais je n’en garde que des bons souvenirs, souligne toutefois l’attaquant. J’ai passé un palier, vécu deux derbies à la Meinau et découvert le monde pro… »
Mais en juin dernier, tout est à recommencer. Châteauroux, Boulogne-sur-Mer ou Épinal (National) lui font des offres, tout comme… Amiens.
« Christophe Pelissier (l’entraîneur, ndlr) m’a appelé, il était intéressé. Mais je devais attendre le dépôt de bilan, car j’étais encore sous contrat avec les SRC. Ça a tardé et après, c’était trop tard, les clubs avaient effectué leur recrutement. »
Après un été à gamberger, Hicham Benkaïd s’engage finalement avec le Racing, pour encadrer les jeunes pousses de François Keller. Sept buts en CFA 2 plus tard et voilà qu’il pointe le bout de ses crampons en “une”. Où il finit par intégrer le groupe en amical (face à Karlsruhe), puis en Coupe de France (à Oberlauterbach puis face à Épinal).
Pas question pour Hicham Benkaïd de prendre la grosse tête, même s’il avoue avoir eu « des milliers de messages et de textos après (son) but ». Non, son ambition est toute simple : progresser et « prendre du plaisir ».
« J’ai encore de belles années devant moi et j’en profite sans me poser de questions. Ce but face à Épinal, ce n’est qu’une petite étape, même si c’est une belle récompense pour moi, conclut le joueur. Après, ça peut aller vite, le foot. À moi de me tenir prêt… »
dna.