Pagis : « Je me voyais bien rester à l’OM encore 2 ou 3 saisons »J-4 avant le classico: Football Club de Marseille a contacté l’ancien attaquant de l’OM, Mickaël Pagis pour évoquer ce choc tant attendu. L’occasion également de revenir sur son trop court passage à Marseille, lui qui ne sera finalement resté qu’une saison et demie, mais qui aura laissé une très belle image aux supporters marseillais. Parce que Pagis c’était la classe, l’élégance avec un grain de folie, capable de disjoncter à n’importe quel moment, un personnage à part dans le football français comme on les aime. « Micka » n’a aucune caractéristique du footballeur moderne. Il ne court pas partout, il gère ses efforts, mais quand il a le ballon, il sait. Maintenant on cherche surtout des coureurs à pied, et bientôt il faudra faire le marathon pour être professionnel … Mais « à l’arrivée c’est lui qui a raison » disait de lui son ancien partenaire Jérome Leroy. Interview pagistral d’un ex pagicien…
Quel souvenir gardes-tu de ton passage à l’OM?Mickaël Pagis: « Que des bons souvenirs. A la base cela avait été un vrai plaisir de pouvoir signer à l’OM, de porter les couleurs de ce club, et de pouvoir jouer au stade Vélodrome. J’ai pu ressentir toute la ferveur qu’il pouvait y avoir dans ce stade »
En seulement une saison et demi, tu as laissé un très bon souvenir aux supporters marseillais, comment l’expliques-tu?M.P: « Peut être pour mon style de jeu assez particulier. J’ai toujours donné le meilleur de moi-même. Il y a eu des moments où j’ai pu, je pense, donner du plaisir au public, d’autres un peu moins, mais toujours avec l’envie de bien faire. Les gens l’ont certainement ressenti, et puis, aussi de part ma simplicité et les échanges que j’ai pu avoir avec les supporters, j’ai toujours été disponible. Ils me l’ont bien rendu en me soutenant à chaque apparition ».
Pourquoi avoir quitté Marseille si rapidement alors que tu étais vraiment apprécié des supporters?M.P: « C’est vrai que je ne suis resté qu’un an et demi ici, mais je me plaisais bien à Marseille. Je pense que j’aurais pu rester un peu plus longtemps mais j’étais aussi arrivé à un age ou j’avais envie de jouer et sur la fin on ne comptait plus vraiment sur moi. Je ne me voyais pas passer deux ou trois ans sur le banc ou jouer par intermittence. Et puis je pense que je j’avais montré que j’avais ma place dans cette équipe. C’est la raison pour laquelle je suis parti prématurément, mais je ne garde aucune rancœur par rapport à ça. »
C’est un choix que tu regrettes avec le recul?M.P: « J’ai vécu une autre histoire ensuite au stade rennais, mais c’est vrai que je me voyais bien rester encore à Marseille pendant 2 ou trois saisons. J’aurai bien aimé, au moins finir ce que j’avais commencé avec cette équipe. C’est vrai que je regrette, car je pense que j’avais encore ma place, mais je respecte aussi les choix des différents entraîneurs ou des dirigeants de recruter des joueurs pour jouer à ma place à l’époque. »
C’était un choix de l’entraineur ou de la direction?M.P: « Je suis arrivée sous l’ère Jean Fernandez, et c’est ensuite Albert Emon qui a pris la suite. Je n’ai jamais eu vraiment d’explication, mais en même temps je n’en ai pas non plus demandé. C’était je pense un choix du coach, peut être aussi des dirigeants je ne sais pas. Je n’ai jamais cherché vraiment à comprendre pourquoi je n’ai pas joué, mais je ne suis pas dupe non plus, j’ai compris certaines choses… »
Tu continues de suivre l’actualité du club ?M.P: « Oui toujours un peu. Je suivais déjà le club avant de jouer là-bas, et aujourd’hui je continue de regarder les résultats, même si j’ai pris un peu de recul avec le foot. Je regarde, mais vraiment en gros pour pour être franc… »
Et le classico OM-PSG de dimanche tu vas suivre ça ?M.P: « Oui je pense. je ne regarde pas énormément de matchs à la télé. Après le classico, ça reste quand même le match de la saison. En plus à l’OM, dans un stade qui a été refait et que je ne connais pas. Oui je vais certainement jeter un œil quand même… »
Tu as marqué lors d’un classico au Parc, tu sentais que c’était un match pas comme les autres ?M.P: « Oui, mais moi je me préparais toujours de la même façon pour donner le meilleur de moi-même, et être efficace, que ce soit dans un classico ou contre une équipe qui joue le maintien. Mon objectif c’était toujours que l’équipe gagne et que je puisse y participer. Après, on ressent forcément toute la ferveur qu’il y a autour du classico même quinze jours avant. Tout le monde en parle et puis c’est une histoire de suprématie nationale. »
Comment vois-tu ce match?M.P: « Paris est capable de grandes choses sur les gros matchs. Sur les matchs contre les petites équipes ils en font moins. Mais sur des grands matchs comme celui-ci, ils seront là. Maintenant, l’OM a du répondant aussi, ils l’ont montré tout au long de la saison. Le match se joue au Vélodrome et l’apport du public peut être transcendant aussi pour les joueurs. En tout cas, c’est comme ça que je le ressentais quand je jouais au vélodrome. Ça va être serré et engagé. Par rapport au classement aussi, il y a une double rivalité. »
L’OM n’arrive pas à s’imposer dans les grands rendez-vous, comment l’expliques-tu?M.P: « Les joueurs sont peut être annihilés par cette pression du résultat et n’arrivent pas à gérer tout ça. Le manque d’expérience joue surement aussi, l’habitude des grands rendez vous… mais on s’aperçoit aussi que dans l’ensemble les équipes sont assez jeunes, même dans le haut du tableau, quand on voit l’effectif de Lyon et même de Monaco… Il n’y a que Paris qui a vraiment une équipe expérimentée finalement ».
Que penses-tu du travail de Marcelo Bielsa?M.P: « Il a des méthodes adaptées à l’Olympique de Marseille. Quand on arrive à l’OM on est un peu sur une autre planète. Il faut être capable de gérer tout l’entourage, et quand on est jeune on peut facilement partir de tous les côtés. Et lui a amené cette rigueur qui est nécessaire à l’OM. La façon dont il fait jouer son équipe me plait: Repartir de derrière jouer de l’avant avec beaucoup de monde dans les trente derniers mètres… Dans l’ensemble ça manque de buts en Ligue 1, c’est un championnat frileux, donc, quand on voit des équipes qui cherchent à jouer et à aller de l’avant, c’est vrai que je préfère forcément ce football là. Et puis, c’est quand même la marque de fabrique de l’OM, aller de l’avant: « Droit au but »! »
Les joueurs se plaignaient pourtant d’une charge de travaille trop importante…M.P: « Mais grâce à ça tout le monde est récompensé par les résultats. Si ça passe par là, c’est certainement ce qu’il faut, de l’intensité. Pour moi c’est complètement adapté à un club comme l’OM. Après je ne sais pas comment il gère les égos des uns et des autres. Quand on est joueur il faut être prêt aussi à entendre ces choses-là, il faut savoir aussi s’adapter aussi aux demandes des coachs. C’est peut être plus facile pour lui d’avoir un groupe assez jeune, et avec un peu moins de stars, car les jeunes sont plus malléables »
Pourquoi avoir choisi de te lancer dans le Beach Soccer après l’arrêt de ta carrière ?M.P: « C’est une discipline que j’ai découvert quand j’étais encore joueur à Ajaccio en 98. J’avais eu l’occasion de jouer un match d’exhibition avec Cantona et Olmeta. Quand j’ai arrêté ma carrière en 2010 j’ai tout de suite enchaîné avec des matchs avec l’Équipe de France de Beach. J’ai joué pendant quatre ans et j’ai arrêté cette année, mais j’ai adoré ce sport, autant que le foot. J’ai vraiment eu de bonnes sensations sur le sable. »
Une carrière d’entraîneur c’est quelque chose qui pourrait t’intéresser?M.P: « Quand j’ai arrêté ma carrière de joueur, je suis resté au Stade Rennais en tant qu’éducateur de la réserve. En parallèle j’ai passé mes diplômes d’entraîneurs. Et puis j’ai finalement arrêté car je ne me voyais pas prendre une équipe, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. J’ai plus une sensibilité pour faire du spécifique attaquant. Je pense qu’il y a peut être quelque chose à faire à ce niveau là. Aider les attaquants à progresser, les accompagner au niveau technique mais aussi sur des échanges, en terme de retour d’expérience. Mais dans les clubs c’est un peu difficile, ce n’est pas encore trop rentré dans les mœurs. »
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