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David Zitelli, ancien attaquant du Racing : « J’ai marqué un but extraordinaire du droit »
Buteur pour l’histoire face à Liverpool à la Meinau, le Lorrain David Zitelli a vécu ses plus belles années en club en Alsace, entre épopée européenne et victoire en Coupe de la Ligue. Des souvenirs qu’il continue à chérir plus de vingt ans après.
De David Zitelli sous le maillot strasbourgeois, on retient plusieurs images. De belles images. Et notamment ce but héroïque, la tête bandée, face à Liverpool en 16es de finale aller de la Coupe de l’UEFA. « Peu de temps avant, (Neil) Ruddock, un boucher, avait attendu que l’arbitre ait le dos tourné pour me marcher volontairement sur le visage après une tête plongeante », raconte l’ex-attaquant du Racing.
Mais il en fallait plus pour arrêter « Monsieur Z » ce 21 octobre 1997. En première période, c’est lui, déjà, qui avait ouvert le score en expédiant un boulet de canon dans la cage de David James suite à un corner de Stéphane Collet. « J’ai marqué un but extraordinaire du droit, je ne sais toujours pas comment j’ai fait pour envoyer cette volée sous la barre », en rigole encore aujourd’hui l’ancien numéro 11.
« Les derbies, je sais ce que ça veut dire, pour le meilleur et pour le pire »C’est plutôt sa patte gauche soyeuse que le public avait l’occasion d’admirer depuis son arrivée en 1995 au Racing, son troisième club du futur Grand Est après ses débuts à Nancy et son passage à Metz (voir repères). « Les derbies, je sais ce que ça veut dire, pour le meilleur et pour le pire, sourit celui qui s’était laissé convaincre au téléphone par Max Hild (le directeur sportif) de rejoindre l’Alsace. « Il était intéressé par mon profil et le challenge me convenait. Je suis arrivé dans un super groupe, Jacky (Duguépéroux, l’entraîneur) menait ça d’une main de maître avec le président (Roland) Weller et Max. »
Lors de son deuxième passage, à la toute fin du deuxième millénaire, après une année pénible à Karlsruhe, David Zitelli ne retrouvera plus ce « club familial et stable » qui l’avait charmé. « Après le changement de présidence (et l’arrivée de Patrick Proisy dans le sillage d’IMG McCormack) , l’atmosphère n’était plus la même. Ce n’était plus le même club. »
Ses six derniers mois passés sur le banc de touche n’ont pas abîmé ses souvenirs strasbourgeois qui correspondent, il est vrai, « à l’apogée de [s]a carrière ». En 1995, alors qu’il passe ses deux premiers mois à l’hôtel, Franck Sauzée le chaperonne et lui fait découvrir la ville. Les deux joueurs avaient partagé un moment fort ensemble, chez les Espoirs, en remportant l’Euro-1988 en disposant de la Grèce à Besançon. Ça crée des liens, forcément.
« J’ai de grands blancs par moments mais je vous garantis qu’on a bien fêté ça »
« J’ai eu la chance de tomber dans un groupe extra avec les (Gérald) Baticle, (Marc) Keller, (Philippe) Raschke, (Rémi) Garde, etc., même si l’effectif a pas mal bougé à l’intersaison (en 1996). C’est grâce à ces joueurs d’expérience que j’ai pu monter en puissance. » Sa première saison est « moyenne » sur le plan personnel, mais le bon parcours en Coupe Intertoto lui permet de se frotter au grand Milan AC en 16e de finale de la Coupe de l’UEFA. « Face à (Paolo) Maldini, (Alessandro) Costacurta, (Marco) Simone ou (George) Weah, il y avait un maximum de respect sur le terrain. » Peut-être même un peu trop, le Racing s’inclinant à l’aller comme au retour.
L’Europe, « une superbe expérience » à laquelle il avait déjà goûté lors de ses sélections dans les différentes classes d’âge en équipe de France. Avec ce trophée de champion d’Europe espoirs, donc. Neuf ans plus tard, il tient une autre coupe entre les mains. Sa finale de la Coupe de la Ligue au Parc des Princes s’était arrêtée en prolongation. Et c’est la boule au ventre – « j’étais dans tous mes états » – qu’il a assisté sur le banc à l’interminable séance de tirs au but conclue victorieusement par Stéphane Collet face aux Girondins de Bordeaux.
Son heure de gloire était survenue deux mois plus tôt, à la Meinau, en demi-finale face à Monaco. Un doublé dont un but sur un coup franc excentré qui avait surpris Fabien Barthez. « Un match comme ça, c’est le rêve de tout joueur. Sur le terrain, j’étais euphorique. » Comme durant toute cette saison 1996-1997 terminée avec 19 buts au compteur (14 dès la trêve).
La finale, dans le jeu, ne lui a pas laissé un souvenir impérissable. Moins que les images de liesse, même si sa mémoire s’embrume. « Après le match, c’est parti dans tous les sens. J’ai de grands blancs par moments mais je vous garantis qu’on a bien fêté ça. On était rentré sur Strasbourg où on avait rencontré des supporters. » C’était une époque où la proximité existait encore entre joueurs et suiveurs. Ce qui n’empêchait pas « une certaine pression » avant les grandes affiches.
« A Anfield, je n’avais jamais connu une ambiance pareille »Ces matches de gala, la Coupe de l’UEFA les lui a servis sur un plateau quelques mois plus tard. Les Rangers en 32es qui ont fait de lui un improbable héros à Ibrox Park (voir par ailleurs). Liverpool ensuite. « Le retour à Anfield (défaite 0-2 après une victoire 3-0 à l’aller) reste inoubliable. Je n’avais jamais connu une ambiance pareille. La jauge était de 45 000 spectateurs à l’époque mais on ne s’entendait quand même pas parler à deux mètres. On n’avait pas vu le jour mais Alex Vencel, un gardien qui a toujours été sous-coté, avait réalisé le match de sa vie. Au coup de sifflet final, on avait explosé de joie. Et on entendait plus que les deux cents supporters strasbourgeois… »
Au tour suivant, c’est l’Inter Milan du Brésilien Ronaldo, élu Ballon d’or quelques semaines plus tard, qui était reparti la queue entre les jambes de la Meinau (2-0). Même si l’aventure s’était arrêtée au retour à Giuseppe-Meazza (3-0). « C’était un match extra à jouer. On n’avait pas fait de complexe. Au retour, j’étais blessé au genou mais j’avais quand même fait le déplacement. Je me rappelle que (Pascal) Nouma avait eu une très belle occasion. On était sorti de ce match, face au futur vainqueur de l’épreuve, avec des regrets. »
Des regrets, quand il se retourne sur sa carrière strasbourgeoise, David Zitelli n’en a pas. Ou peu. S’il s’est quelque peu éloigné du milieu du football après sa carrière (voir par ailleurs) , il retourne de temps à autre à la Meinau – « le Racing n’oublie pas ses anciens », apprécie-t-il. Et cela a dû lui faire chaud au cœur de la revoir vibrer comme à ses plus belles heures, avant la pandémie de coronavirus, comme lorsqu’il était lui-même l’un des principaux acteurs d’un pétaradant Racing.
Repères➤ 1986-1992 : AS Nancy-Lorraine
➤ 1992-1995 : FC Metz
➤ 1995 - janvier 1998 : Racing
➤ Janvier 1998-janvier 1999 : Karlsruhe
➤ Janvier 1999-2000 : Racing
➤ 2000-2002 : Hibernians Edimbourg
➤ 2002-2003 : FC Istres
➤ 2003-2007 : FC Bleid