dna a écrit:
la Meinau rêvée de Luyindula
L’ancien attaquant du Racing Peguy Luyindula, aujourd’hui directeur sportif du Dijon FCO, se fait une joie de retrouver dimanche (15h) le stade qui l’a révélé au plus haut niveau, mais regrette de ne pas le voir plein comme un œuf, à cause des restrictions liées au Covid.
Il explore minutieusement les recoins de sa mémoire et finit par lâcher. « Je ne crois pas être revenu à la Meinau avec Paris. La dernière fois, ce devait être avec Lyon. »
Le souvenir est lointain et pour tout dire imparfait : en réalité, la dernière visite de Peguy Luyindula dans son ancien jardin meinovien remonte au 3 novembre 2007 avec le PSG. Titulaire, il a participé, sans marquer, au succès parisien (1-2).
Depuis, les détours de sa carrière, achevée en 2015 après une ultime expérience aux New York Red Bulls, ne l’y ont pas ramené. Même la saison passée, alors qu’il était entré en fonction au Dijon FCO à l’été 2019 comme conseiller stratégique, il a été privé du déplacement en Alsace.
« Strasbourg m’a donné faim de titres »
Comme toute la 29e journée, le match à la Meinau, prévu le 14 mars, a été reporté. À l’époque, tout le monde ignorait qu’il ne serait jamais joué. « Je me faisais une joie de retrouver ce stade que j’adore et qui aurait été plein, comme souvent ces dernières années. »
Le natif de Kinshasa (41 ans) aura donc patienté six mois de plus avant des retrouvailles qu’il attend avec impatience, mais aussi un arrière-goût amer, coronavirus oblige.
« Il n’y aura personne, du moins pas grand monde (5 000 spectateurs) , et ce ne sera pas pareil. Je le regrette, car en temps normal, c’est top de revenir à la Meinau. Lorsque je jouais à Strasbourg, j’ai toujours été apprécié du public et je l’ai toujours apprécié. »
Il n’a pourtant porté le maillot bleu que durant trois saisons pleines, dont la dernière conclue par une relégation en Ligue 2, mais aussi un sacre en Coupe de France. Pour lui qui a ensuite évolué à Lyon, Marseille et Paris, le Racing pourrait n’être qu’un souvenir évanescent.
« Pas du tout, contredit l’ex-international (6 sélections, 1 but) arrivé à 19 ans en provenance de Niort. Strasbourg représente énormément pour moi. Je n’y ai pas vécu que des bons moments, on est même descendu en L2, mais quand j’y pense, je n’arrive pas à trouver de mauvais souvenirs. C’est le club avec lequel j’ai remporté mon premier trophée (la Coupe de France 2001). C’est inoubliable, surtout quand on songe que beaucoup de joueurs stoppent leur carrière sans n’avoir jamais rien gagné. Le Racing m’a donné faim de titres. Et sur ce plan, j’ai été gâté. »
« Les belles choses vont revenir »
Triple champion de France avec Lyon (2002, 2003, 2004), double vainqueur de la Coupe (Strasbourg en 2001 et Paris en 2010) et lauréat de la Coupe de la Ligue (PSG en 2008), l’attaquant n’a jamais oublié le club qui l’a propulsé dans la lumière et pour lequel, en 103 matches officiels, il a inscrit 26 buts et distillé 7 passes décisives.
« Le Racing, c’est aussi mon premier but en L1 (le 3 décembre 1999 contre Bastia, 2-0) et mon premier triplé, sans doute mon meilleur souvenir, face à Lyon (le 2 février 2000, 4-2). J’ai souvent marqué contre l’OL. C’est pour ça qu’il s’est senti obligé de me recruter (rires). »
Son transfert record dans le Rhône (8,8 millions d’euros) tiendra jusqu’à la vente de Jean-Eudes Aholou à Monaco en 2018 (14 millions). Après 5 buts en 6 journées de L2, “Peg” quitte le Racing pour l’Olympique lyonnais en fin de mercato estival 2001.
En trois ans, il y a noué de solides amitiés dont l’une va le conduire deux décennies plus tard à Dijon. Entré dans le monde du foot à Strasbourg après ses études (1998-2004), Olivier Cloarec, le directeur général du DFCO, et l’ex-buteur sont restés proches.
« Olivier a suggéré mon nom au président Olivier Delcourt avec qui ç’a tout de suite accroché. Ce dernier m’a proposé de devenir son conseiller stratégique, puis, depuis cette saison, son directeur sportif. »
L’ex-pro pilote ainsi la politique sportive d’un DFCO qui, comme le Racing, connaît un certain retard à l’allumage pour sa 5e saison de rang en L1. Il ne s’affole pas. « Il faut garder confiance. On a fait de belles choses l’an passé après avoir pareillement souffert au démarrage (4 défaites d’entrée). Je suis certain qu’elles vont revenir. »
Plus encore après qu’avant le match, Peguy Luyindula espère pouvoir, dimanche, se souvenir des belles choses.
En relief
Luyindula : « Beaucoup de sacrifices »
C’est un confrère dijonnais qui le dit : « Quand Peguy Luyindula a débarqué ici en 2019, beaucoup, dans l’environnement du DFCO, se sont demandé s’il n’allait pas occuper une sorte d’emploi fictif. Aujourd’hui, tout le monde est d’accord sur un fait : il bosse, en étant à la fois très présent et discret. »
En quelques jours, l’homme aux 368 matches de Ligue 1 (86 buts) a changé de vie. Il a laissé femme et enfants aux États-Unis où la famille est installée depuis sa signature au Red Bulls de New York fin 2012.
Direction Dijon pour son baptême dans un métier qu’il ne connaissait pas, mais auquel il aspirait. « Les arcanes d’un club m’ont toujours intéressé. L’occasion s’est présentée à Dijon. Je l’ai d’autant plus saisie que la présence d’Olivier Cloarec, avec qui je m’entends très bien, m’a rassuré. Je savais que j’aurais sur place quelqu’un d’expérimenté sur qui m’appuyer. Ma seule hésitation tenait à mes obligations familiales. Cette année, depuis mon retour à Dijon le 5 juin, je n’ai pas vu ma femme et mes enfants. Je suis à fond dans ce que je fais. Je ne fais pas semblant. Sinon, je serais resté de l’autre côté de l’Atlantique. Je fais beaucoup de sacrifices et donne le maximum pour le DFCO. »
Il s’est ainsi entouré d’une garde rapprochée sur laquelle il sait pouvoir compter, comme son ex-coéquipier lyonnais Grégory Coupet, enrôlé comme coach des gardiens, et son pote des débuts niortais Cyril Chapuis (lui aussi ex-Racingman, mais à une autre époque), recruté comme… recruteur.
« Ils ne sont pas venus uniquement parce que ce sont des gens de confiance, mais aussi pour leur capacité de travail et leur compétence. Dans un club, la clef de la réussite, c’est de travailler en osmose. Les attaques de l’extérieur sont assez nombreuses pour qu’on évite celles de l’intérieur (sourire). »