Coupe de France : sans la fusion, Angoulême (N2) fuse avant de recevoir Strasbourg
Après son partenariat avorté avec Soyaux (D1 féminine), l'ACFC s'en sort bien en N2 (9e de son groupe) où il a été promu l'été dernier et reçoit Strasbourg ce samedi (18 heures) avec appétit, en seizièmes de finale de la Coupe de France.
Hervé Loubat ne craint pas les intersaisons rocambolesques. En juin 2016, après des exploits en Coupe - dont il a atteint les quarts de finale en 2014 après avoir sorti Toulouse en 16es (2-1) - l'entraîneur a quitté Moulins, maintenu en National 3, « mais rétrogradé administrativement en Régional 1, pour signer à l'Angoulême-Charente FC, sportivement descendu à ce niveau, puis repêché en N 3 grâce à la chute de... Moulins ! »
Alors, trois ans plus tard, soit l'été dernier, le technicien (44 ans) qui venait de conduire les Angoumoisins en N2, a vécu avec détachement la fusion ratée entre l'ACFC et l'ASJ Soyaux. Club où la sélectionneure des Bleues Corinne Diacre a effectué toute sa carrière de défenseuse (1988-2007). Il s'agit d'un deux seuls de D1 féminine (avec le FC Fleury 91) non adossé à une entité masculine professionnelle.
L'unification avait été annoncée le 29 janvier 2019 pour cette saison, puis présentée avec faste le 26 mars, nouveau nom (Angoulême Soyaux Charente) et logo flambant neuf à la clé. Puis, après avoir été reporté à 2020-2021 en mai, le projet a été enterré fin juin par le président de l'ACFC, Patrick Triaud. Ce dernier ne souhaite pas s'étendre sur ce sujet épineux, tout comme l'ex-présidente de Soyaux, Martine Ferré, très affectée par cet échec et qui a passé la main à Arnaud Pimbert en septembre.
L'actualité conforte Triaud dans son choix prudent du statu quo. Car l'ASJ Soyaux, en difficulté financière et dont la masse salariale était déjà encadrée, a subi cette semaine de la part de la DNCG de la FFF un retrait de trois points au classement et une interdiction de recrutement, des sanctions contre lesquelles le club féminin va interjeter un appel, suspensif.
Le match se joue chez les rugbymen
Très loin de ces préoccupations, Loubat appréhende « le manque de rythme » de son équipe, qui a accumulé quatre matches en retard (!) et n'a pas joué en N2 au mois de décembre en raison des intempéries, ce qui ne l'empêche pas de figurer à la neuvième place du groupe C, rang honorable pour un promu. Mais, juste après sa qualification contre Challans (N 3) en 32es de finale (3-1), l'ACFC a décroché un succès probant chez la réserve de Saint-Étienne (3-0), samedi dernier, et se présente remontée à bloc ce samedi pour la réception de Strasbourg, au stade Chanzy, l'enceinte habituelle du SA XV, le club local de rugby qui évolue en Pro D2.
« C'est un joli clin d'oeil de l'histoire car c'est à Chanzy qu'Angoulême a connu l'élite du foot (de 1969 à 1972), souligne Triaud. En plus, c'est beaucoup mieux pour la sécurité et le confort des spectateurs (5 945 sont attendus, à guichets fermés) que notre stade habituel », Lebon, partagé avec l'équipe réserve (R1) et... l'ASJ-Soyaux, dont le stade se trouve en réfection.
« C'est un rêve de vivre un tel affrontement »
Loubat, véritable manager bâtisseur qui a « restructuré le club pendant (ses) deux premières saisons (2017-2019), en le dotant d'U 17 nationaux et d'une école de foot labélisée élite », apparaît un peu moins conquis par le stade, estimant évoluer sur « un terrain neutre, où il sera encore plus difficile de réaliser l'exploit ».
Cela ne tempère toutefois pas l'enthousiasme débordant de son capitaine et latéral gauche Yann Djabou (27 ans) : « C'est un rêve de vivre un tel affrontement ». Surtout contre le RCSA, où il se réjouit de retrouver « un immense monsieur, Fabien Lefebvre », l'un de ses formateurs à Montpellier et actuel adjoint du coach, Thierry Laurey.
Strasbourg, revenu de si loin après son dépôt de bilan en 2011, inspire aussi le président Triaud, qui a sauvé un ACFC en faillite en 2008, en épongeant alors une dette de 200 000 € : « Toutes proportions gardées, on a aussi recréé un fort tissu de partenaires locaux et de la ferveur autour du club ». Avec désormais un budget de 1,4 M€, il espère ainsi atteindre « le National dans les deux à trois ans ». Sans s'emballer.
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