dna a écrit:
Roi n’a pas eu le choix
Présent dès les premières heures de la reconstruction du club en 2011, l’entraîneur adjoint Sébastien Roi, affecté depuis deux ans à l’analyse vidéo, a appris lundi dernier que son bail ne serait pas renouvelé. Une déception et un crève-cœur pour lui.
Demander à ceux qui font – presque – partie des meubles de changer d’air est souvent le marqueur d’un changement d’ère. En cette intersaison 2021, le Racing est donc assurément en train de changer d’ère. La nomination, il y a dix jours, de l’ex-coach du Stade rennais Julien Stéphan pour les trois prochaines saisons en était un signe avant-coureur. Le départ de certains de ceux qui ont contribué à la résurrection d’un Racing plongé dans les abysses du football amateur en 2011, aussi.
Après la démission – effective le 30 juin – du secrétaire général Romain Giraud, arrivé en 2012 (en CFA) et affecté il y a deux ans à des missions subalternes, c’est un autre acteur de la reconstruction qui s’en ira à la fin du mois, à l’échéance de son contrat d’entraîneur adjoint de l’équipe “une”. Une fonction qu’il a exercée une décennie, depuis la liquidation judiciaire de l’été 2011 et la dégringolade en CFA 2, devenu National 3.
Décontenancé par « un discours qui ne correspond plus à la réalité »
Lundi dernier, Sébastien Roi s’est vu signifier par le président Marc Keller que son bail d’adjoint ne serait pas reconduit. « C’est un peu dur parce que je ne m’y attendais pas, confiait-il voici quelques jours avant de rallier son Sud natal (il est né à Valence, dans la Drôme). Le club a donné carte blanche à Julien Stéphan pour constituer son staff et ce dernier a visiblement l’intention de venir avec son analyste vidéo. Je pensais juste que la façon de faire serait différente. On sent bien que le club s’est structuré et que ce n’est plus comme il y a trois ou quatre ans. Le Racing continue de se présenter comme un club familial qui s’appuie sur des valeurs humaines. Mais quand il a une décision à prendre, il le fait sur d’autres critères. C’est comme ça, c’est la vie. C’est juste en décalage avec l’image qu’il veut donner. »
Il le dit sans amertume, seulement un peu décontenancé par « un discours qui ne correspond plus à la réalité ». A aucun moment, on ne lui a proposé de réintégrer un centre de formation qu’il a longtemps fréquenté. Mais pas question pour lui de mordre la main qui l’a nourri pendant une décennie. Et même un peu plus. Défenseur stagiaire de 1994 à 1997, sous les ordres, notamment, d’un Jean-Marc Kuentz qui l’a rejoint en 2020 dans le staff de Thierry Laurey, il y a œuvré dès 2009 comme adjoint de François Keller en réserve, tout en s’occupant en 2010-2011 de la section sports-études.
Lorsque le navire strasbourgeois coule à l’été 2011, le duo François Keller – Sébastien Roi prend la barre de l’équipe première. « Depuis, on a réussi à remettre le club dans le monde pro (en Ligue 2 en 2016) , en Ligue 1 (2017) , avec quatre maintiens, on a gagné un titre (la Coupe de la Ligue 2019) et découvert les tours préliminaires de l’Europa League (contre Haïfa, Plovdiv et Francfort). Il y a dix ans, on était à des années-lumière de l’imaginer. »
Cette renaissance n’a toutefois pas été un long fleuve tranquille. « La première année en National (2013-2014) a été très dure. Sans repêchage, nous serions retombés en CFA. Celle de L1 (2017-2018) , aussi. Même les années de CFA et Ligue 2, avec des montées au bout, n’ont pas été simples. Elles présentent d’ailleurs des similitudes, dans leur déroulé comme leur issue. »
« Je n’ai rien prévu pour la suite »
En 2019, avec l’arrivée d’un adjoint supplémentaire – David Ducourtioux –, Sébastien Roi s’éloigne du gazon pour devenir l’analyste vidéo attitré du club. Une réforme de ses attributions qu’il ne perçoit pas comme un déclassement. « A la base, je suis un homme de terrain. Mais je m’occupais déjà de la vidéo et j’aimais ça. Le club se développait et voulait quelqu’un pour la prendre en charge. Ça m’a permis d’élargir mes compétences, mon ouverture d’esprit sur le jeu. Ç’a m’a apporté beaucoup d’éléments pour me construire si un jour, je dois retourner sur le terrain. »
En attendant, Sébastien Roi se retrouve à 42 ans devant une page blanche. « Je n’ai rien prévu du tout pour la suite. J’ai activé quelques réseaux, mais il n’y a encore rien de concret. » Excepté les vacances qui l’aideront peut-être à digérer un départ auquel il n’était pas préparé.
Inoubliable remontée en National
Ce n’est pas le jour le plus prestigieux d’une décennie qui a permis au Racing d’émerger des fins fonds du football national amateur, puis de s’installer en Ligue 1, même si la saison 2020-2021 a montré combien l’équilibre reste fragile. Mais pour Sébastien Roi, la (re)montée en National en 2013 est “LE” souvenir majuscule qui l’emporte sur tous les autres.
Le 2 juin 2013 au stade de la Colombière à Epinal dont la jauge a été limitée par les autorités administratives, le Racing bat Raon-l’Etape (3-2) devant un peu plus de 4 000 spectateurs, dont 3 000 Strasbourgeois. Il coiffe au poteau les Raonnais et gagne le droit de revenir à un troisième niveau national quitté deux ans plus tôt lors de la liquidation judiciaire.
« A l’origine, quand François (Keller) et moi avons été nommés en 2011, c’était dans le cadre du projet de reprise porté par la famille Graeff ( projet finalement avorté, ndlr) et c’était pour prendre l’équipe en National , se remémore l’ancien coach de Biesheim et Obernai. En deux ans, nous avons ramené le club au niveau où nous aurions dû le récupérer. Avant de gagner contre Raon, on revient de nulle part. Deux mois avant, tout le monde nous pensait morts pour la montée. Mais nous avons terminé en trombe (six victoires, un nul lors des sept dernières journées). Pour moi, ç’a été le moment le plus chargé émotionnellement. »
La phrase
J’ai vécu une belle aventure pendant dix ans. C’est une chance de travailler dans la stabilité avec “seulement” trois coaches. Chacun d’eux a apporté sa pierre à l’édifice. Sans eux, le club n’en serait pas là.
Sébastien Roi, adjoint de François Keller (2011-mars 2014), Jacky Duguépéroux (mars 2014-2016) et Thierry Laurey (2016-2021)