dna a écrit:
L’art du contre-pied
Pour enfin remporter à nouveau le derby contre Metz, ce dimanche à Saint-Symphorien (1-2), le Racing a su forcer sa nature pour répondre présent là où on ne l’attendait pas forcément. Une attitude qui rend l’équipe aussi charmante qu’exaspérante.
Un peu à l’image d’Adrien Thomasson sur le but de l’égalisation, dimanche après la demi-heure de jeu, le Racing est passé maître dans l’art du contre-pied cette saison.
Là où on l’attend, il ne répond pas souvent présent. Prenez le match aller, disputé en décembre dernier à la Meinau. Installés dans une dynamique positive et revenus d’un succès éclatant à Nantes (4-0), les Bleus espéraient enchaîner contre des Messins à l’époque dans le dur. Loupé : ils n’ont fait que courir derrière le score pour se contenter du partage des points (2-2), étirant à douze rencontres – toutes compétitions confondues, même en amical – la période d’insuccès contre l’encombrant voisin à la croix de Lorraine.
« La peur n’enlève pas le danger »
Idem en ce début d’année. Alors que le triptyque contre des adversaires directs pour le maintien – Dijon, Reims et Brest – devait permettre de poursuivre la remontée au classement, le Racing n’a pris que deux points sur neuf possibles, se remettant instantanément dans le rouge et provoquant la perplexité des supporters.
Imprévisibles, les Bleus sont donc aussi – et heureusement – capables de fulgurances en des endroits inhospitaliers et à des moments inattendus.
Ce n’est pas pour rien qu’ils ont remporté cinq succès loin de la Meinau, contre seulement trois en leur jardin (*). Ce n’est peut-être pas un hasard s’ils sont parvenus à mettre un terme à la malédiction de Saint-Symphorien, où ils restaient sur un petit succès lors des 18 dernières visites en Ligue 1. Au vu de la forme du moment, ce n’est pas sur ce derby-là que l’on aurait parié sa chemise pour un succès alsacien. Et pourtant…
Thierry Laurey a remis au goût du jour l’une des maximes favorites d’un de ses prédécesseurs, Jean-Marc Furlan : « La peur n’enlève pas le danger ».
C’est justement le Girondin, actuellement coach de l’AJ Auxerre (Ligue 2), qui était assis sur le banc du Racing en ce jour d’octobre 2007 où les Bleus avaient pour la dernière fois battu Metz, également sur le même score.
Par ce clin d’œil au passé, l’entraîneur des Bleus a surtout voulu signifier que ni lui, ni ses joueurs ne sont en proie au doute. Un message que le coach a tenu à rappeler aux supporters un brin inquiets qui sont venus assister à l’ultime séance d’entraînement à la veille du derby (lire ci-dessous) et qu’il a encore martelé à l’heure de l’analyse.
« On a su reprendre le contrôle du match »
« Ça ne sert à rien de trembler comme des feuilles derrière nous, dit-il. Je ne suis pas en train de fanfaronner, mais on ne pense pas à la défaite. On joue pour essayer de gagner chaque match. Bien sûr, ça ne nous empêche pas d’en perdre. Alors autant jouer sans avoir peur, quitte à passer pour une grande gueule. »
Ce dimanche, capitaine Mitrovic et les siens sont parvenus à faire sauter un verrou psychologique, à savoir s’imposer après avoir encaissé un but. Une première cette saison.
« On n’a pas forcément bien démarré cette rencontre avec ce but hallucinant (de Delaine à la suite d’un corner strasbourgeois) mais on a su en reprendre le contrôle, développe Laurey. Quand tu es mené à Metz, ça peut vite mal tourner. Je trouve que l’on a maîtrisé le jeu en seconde période, parce que l’on a fait les choses dans l’ordre, sans se précipiter ni tomber dans le n’importe quoi. »
Au-delà de la réussite d’Adrien Thomasson et du travail abattu à ses côtés par les attaquants, le technicien tient à mettre en exergue l’œuvre collective qui a permis de renverser la situation.
« Avec ce cinquième match en quinze jours, il fallait avoir de la fraîcheur, expose-t-il. Je ne dis pas que l’on a sacrifié les rencontres à Lyon (défaite 3-0) ou en Coupe de France contre Montpellier (défaite 2-0). Mais on voulait que ceux qui démarrent à Metz aient suffisamment d’essence dans le réservoir. »
« Pour certains, il y a eu un surplus d’investissement, des garçons ont encore été meilleurs que ce que l’on pouvait penser, poursuit Laurey. En défense, Djiku a été énorme et Mitrovic sérieux, rigoureux et investi. Guilbert, qui n’a pas joué depuis six mois, a répondu présent (c’est le latéral droit qui délivre la balle du second but à Thomasson). Bref, c’est une grosse performance d’ensemble. »
« Jusqu’au bout, il faudra lutter parce que l’on est loin d’être sauvés »
À la faveur de ce coup d’éclat en terre mosellane, tout le monde s’attend désormais à ce que les Bleus enchaînent dès dimanche à domicile contre Angers, tombé de haut aux dépens d’un FC Nantes relancé par Antoine Kombouaré (1-3). Un piège dans lequel Thierry Laurey et ses hommes vont essayer d’éviter de tomber.
« Jusqu’au bout, il faudra lutter parce que l’on est loin d’être sauvés, prévient-il. On a 28 points, on envisage désormais les 30. Si on est sérieux, rigoureux et concentrés comme à Metz, il n’y aura pas de problème. Si on se relâche, on peut vite le payer. »
Voilà tout le charme, mais aussi le risque d’une équipe qui manie si bien l’art du contre-pied.
(*) Succès à Brest (0-3), Nantes (0-4), Angers (0-2), Lens (0-1) et donc Metz (1-2). À domicile, Dijon (1-0), Nîmes (5-0) et Saint-Étienne (1-0) ont été battus.