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Rémy Vercoutre (Lyon) : « J’ai aimé Strasbourg »
Trois ans après l’arrêt de sa carrière, Rémy Vercoutre est revenu cet été dans son club de – presque – toujours, Lyon, comme entraîneur des gardiens. Dimanche au Parc-OL (20h45), l’ex-portier croisera la route d’un Racing avec lequel il a gagné la Coupe de la Ligue 2005.
Il a raccroché les gants en 2018, joué pendant six mois les consultants sur Canal+, puis fait ses premières armes comme coach des gardiens à Montréal durant deux ans et demi.
Mais cet été, Rémy Vercoutre, sous contrat au Canada jusqu’en 2022, a choisi de rentrer à Lyon et signé deux ans à l’OL dont il a défendu la cage et les couleurs de 2002 à 2014, avec un bref intermède : son prêt en 2004-2005 à Strasbourg avec qui il a remporté la Coupe de la Ligue (2-1 contre Caen).
« À 38 ans, je ne me sentais plus forcément en capacité physique »
Avant le Lyon – Racing de ce dimanche (20h45), l’éphémère portier strasbourgeois (cinq matches de L1, cinq de Coupe de la Ligue et un de Coupe de France) redit sa fierté de faire partie de l’histoire du club alsacien.
Rémy, vous avez stoppé votre carrière en 2018 après quatre saisons pleines à Caen (140 matches en Ligue 1 sur 240 en près de 20 ans de carrière). Pourquoi ?
Pour comprendre, il faut revenir à la genèse de mon arrivée là-bas. Quand j’ai quitté Lyon en 2014, j’avais perdu ma place après une opération du genou. Anthony Lopes venait d’éclore et m’avait poussé sur le banc.
À 34 ans, le moment était venu pour moi d’aller prendre un maximum de plaisir, si possible en Ligue 1. Caen, qui venait d’y monter, me l’a proposé. Je me suis éclaté. Avec notre bande de vieux grognards, les Alaeddine Yahia, Nicolas Seube et Julien Féret, on a réussi à créer quelque chose et maintenir le club dans l’élite. C’était une grande fierté.
Mais ?
Mais j’avais 38 ans. Je ne me sentais plus forcément en capacité physique de repartir sur une saison. J’étais en difficulté par rapport au rythme des matches. Il était l’heure de dire stop pour me consacrer à un nouveau projet déjà ficelé, puisque Canal + voulait me mettre le pied à l’étrier.
« Le Racing est un club qui compte »
Très vite est arrivée l’offre de l’Impact Montréal (devenu le CF Montréal en 2019). Grâce à Rémi Garde (l’ancien milieu du Racing qui l’avait entraîné à Lyon) ?
Oui. Mais Rémi a été débarqué au bout de six mois. Je n’arrive toujours pas à m’expliquer pourquoi. La situation était assez ubuesque.
Il m’a dit : « Reste, il faut que tu emmagasines de l’expérience, poursuives le projet et continues l’aventure dans ce beau pays qu’est le Canada et ce beau championnat qu’est la MLS. »
C’est ce que j’ai fait. On a remporté la Coupe du Canada et joué la Ligue des Champions Concacaf.
Deux ans plus tard, vous revoilà à Lyon, à quelques heures d’un rendez-vous contre Strasbourg. Vous dites être fier de faire partie de l’histoire du Racing. Pour quelles raisons ?
Il compte énormément dans le paysage footballistique français. Tous les clubs sont contents d’aller jouer à la Meinau parce que l’ambiance y est extraordinaire. J’ai eu la chance de la vivre de l’intérieur.
On a quand même emmené 30 000 Alsaciens au Stade de France pour cette finale de la Coupe de la Ligue 2005. Ça reste une bouffée d’oxygène dans une saison très compliquée pour moi. J’en conserve un souvenir magnifique.
J’ai gardé beaucoup d’amis et de contacts dans une ville que je ne pensais pas aussi riche et qui m’a donné beaucoup de satisfactions. J’ai adoré l’état d’esprit des gens, aimé y vivre. J’en suis parti très enrichi.
Le hasard fait que vous retrouverez dimanche, sur le banc d’en face, Stéphane Cassard qui vous a supplanté en 2004-2005 et entraîne depuis 2020 les gardiens du Racing. Vos relations ont été compliquées à l’époque. Y a-t-il prescription ?
Le temps a fait son œuvre (sourire). Avec le recul, je retiens que Stéphane a pris ma place de manière relativement saine. Ce n’est pas lui qui m’a blessé, ni mis dehors (*).
En mon absence, il a été très performant et même déterminant dans le maintien (11e avec 48 points, ndlr). La vérité, c’est qu’aujourd’hui, tout le reste est derrière nous. J’ai encore des choses à apprendre de lui parce que c’est un super entraîneur avec un très beau parcours, notamment à l’OM.
Vous dites aussi que Strasbourg travaille bien. Sur quoi vous basez-vous ?
Je l’explique par un nom. Marc (Keller) est prépondérant. Il aime le club et sait comment faire dans un contexte bien particulier. Il a fait un énorme travail de fond.
Ramener le club en Ligue 1 si vite, c’est une grosse performance. L’y asseoir et jouer un peu plus haut au classement va peut-être demander plus de temps. Il va falloir des structures différentes, un stade plus grand et plus moderne, car en France, il est difficile d’aller se frotter avec le haut du panier.
Mais le club a le potentiel pour le faire. Les supporters vont juste devoir s’armer de patience. Le plus dur commence.
Que craignez-vous de ce Racing 2021-2022 ?
J’aime son animation offensive. (Ludovic) Ajorque et (Kévin) Gameiro me plaisent énormément. Gameiro, c’est une bonne pioche. Le mec qui revient dans son club formateur, avec l’envie de se défoncer pour l’équipe, j’adore l’idée.
À Paris (défaite 4-2) , les Strasbourgeois n’ont pas été craintifs. Ils sont allés chercher le PSG et n’ont pas subi. Il va falloir que Lyon soit attentif parce qu’il y a de la qualité et des idées derrière tout ça. Le coach (Julien Stéphan) apporte de la nouveauté.
(*) Arrivé en prêt de Lyon pour être titulaire, Vercoutre s’est fracturé le 5e métatarse après quatre journées et n’a pratiquement rejoué que dans les Coupes
De retour au bercail
L’appel du cœur a été le plus fort. Lorsque l’OL lui a offert ce printemps de rentrer à la maison, Rémy Vercoutre n’a ni résisté, ni hésité. Il a quitté « la vie agréable » de Montréal et « les conditions de travail assez incroyables » dont il y jouissait pour regagner ses pénates rhodaniens.
« En décembre 2018, j’étais parti au Canada sur un projet d’un an, rembobine-t-il. Le club m’a ensuite suggéré de prolonger de deux (jusqu’en 2022) , ce que j’ai fait, parce qu’à l’époque, il n’y avait pas le Covid. Il était alors possible de faire venir mes trois grands enfants qui vivent à Lyon et leur faire partager ce “rêve américain” durant les vacances. J’étais assez épanoui. Mais le Covid est passé par là. Après 18 mois sans les voir, l’opportunité de rentrer, a fortiori dans un club et une ville que je connais, avec des personnes que j’apprécie et qui me donnent leur confiance, était belle. »
Une première approche était restée sans suite en 2020. « “Juni” (Juninho, le directeur sportif lyonnais qui fut son coéquipier, ndlr) m’avait appelé pour me sonder et me demander si je pouvais être intéressé. Je n’avais pas fermé la porte. Mais le choix s’était porté sur un autre. Rudi Garcia (l’ex-coach) voulait travailler avec Christophe Revel (parti à Lille cet été, ndlr). Ça ne m’a pas perturbé dans la mesure où j’étais en poste et très heureux à Montréal. »
Ce remariage avec l’OL sera célébré un an plus tard. Quelques semaines après l’entraîneur Thierry Henry – « il est rentré en Angleterre pour à peu près les mêmes raisons » –, le Nordiste de naissance demande à recouvrer sa liberté.
« Sur le plan familial et pour ma carrière, la proposition lyonnaise était assez géniale. Le CF Montréal l’a bien compris et ne se voyait pas me garder sous la contrainte. Je suis très heureux d’avoir de nouveau une vie de famille à peu près normale après avoir été coupé de mes enfants si longtemps. En plus, ce nouveau projet professionnel m’offre de belles perspectives et de beaux objectifs. »