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Quand Stéphane Collet a permis au Racing de remporter sa première Coupe de la Ligue, le 12 avril 1997Dix-huit ans après le titre de champion de France 1979, le Racing remportait un titre majeur : la Coupe de la Ligue. Ce 12 avril 1997, au Parc des Princes, Stéphane Collet avait frappé le tir au but décisif face à Bordeaux (0-0, 6-5).
Aujourd’hui, Stéphane Collet vit près de Nice, à La Gaude, pas trop loin du stade du Ray qui l’avait révélé, pas loin de l’aéroport où il travaille désormais.
« Je suis à quinze minutes de mes passions, le nouveau stade de Nice, à quinze minutes du boulot, où je peux décoller pour l’Alsace. »
« Ce maillot, c’est celui d’une région, presque d’une sélection »
Né à Madagascar, quand son père militaire y avait été muté, celui qui fut surnommé “La Mobylette” par le public de la Meinau, n’a pas oublié ce 12 avril 1997.
« Je n’ai surtout pas oublié l’Alsace et les Alsaciens. Tous les jours, je pense à eux, j’espère que vous allez souffrir le moins possible », soupire Stéphane Collet dont l’émotion transpire à la pensée d’un ami alsacien disparu récemment.
« Cette région m’a marqué. Grâce à un journal, je l’avais sillonnée, découvert ses habitants. Et je les aime, ils sont exigeants, mais fidèles et accueillants. Ils aiment les gens qui transpirent, qui donnent tout ce qu’ils ont. »
Lui, le 12 avril, avait inscrit le tir au but décisif, avait ensuite couru comme un dératé derrière le but du Bordelais Gilbert Bodart.
« Je voulais faire le tour du monde, je me suis arrêté au bout de cent mètres, perclus de crampes. J’avais tout donné. Tous mes coéquipiers m’ont dépassé, sans me dépanner », rigole Stéphane Collet.
Il voulait absolument la gagner, cette finale ! « Quand on avait éliminé Monaco pour y accéder, je l’avais pris comme un devoir pour le peuple bleu. Ce maillot, c’est celui d’une région, presque d’une sélection. Notre force est d’avoir été des bons mecs avant d’avoir été des bons joueurs. »
Il dit qu’il n’a eu de cesse de répéter cette dernière phrase quand il s’occupait de jeunes footballeurs de l’arrière-pays niçois. « Franchement, ça déconnait pas mal. On était tous potes. Pascal Nouma assurait l’ambiance, sauf le jour de la finale. Là, il jouait dans sa ville, sur les terres du PSG, son club. »
L’avant-centre strasbourgeois n’avait pas crié, chanté, « ou fait le con » dans le vestiaire du Parc des Princes, concentré comme jamais. « À trois minutes du coup d’envoi, au moment d’entrer sur la pelouse, on s’est tous aperçus qu’il avait oublié d’enfiler son maillot tant il était concentré, éclate de rire Stéphane Collet. Notre Pascal était en tee-shirt. »
Les 120 minutes de la rencontre furent âpres, « chaque équipe ayant eu ses bonnes périodes avec un Bodart et un Vencel des grands soirs ».
Et puis la série des tirs au but était arrivée, et puis le Niçois devenu Alsacien d’adoption avait mis un terme au suspense.
Et dire que rien de tout ça ne serait arrivé si Stéphane Collet s’était définitivement évaporé dans les égouts de Papeete. « Mon papa avait été muté là-bas. Un jour de pluie torrentielle, comme il faisait très chaud, je suis allé jouer au foot avec mon petit frère dans la rue. On habitait dans les “hauts”. La balle est allée dans le caniveau, je suis tombé dans une bouche d’égout sur le côté droit de la route. »
Le gamin de cinq ans voyagera quelques dizaines de secondes, terminera 250 mètres plus bas dans un garage automobile. « J’ai vu de la lumière, j’ai poussé la grille. Je suis sorti du côté gauche de la route, j’avais déjà le sens des permutations », rigole Stéphane Collet, dont le crâne s’était orné à vie de quelques bosses, ses premiers trophées en fait.
Et puis, ça lui a donné le goût des voyages. Même s’il a connu des pannes d’essence, comme au Parc des Princes, pour ne s’être jamais économisé.