Herbin au Racing : pas cousu de fil bleuEn octobre 1986, Didier Six, Philippe Schuth et Peter Reichert s’échauffent sous le regard de Robert HerbinSi son nom reste associé de manière indélébile à la couleur verte de Saint-Étienne, Robert Herbin s’est aussi essayé au bleu. Et même au bleu ciel, puisque c’est ce ton-là qui devient subitement à la mode du côté de la Meinau à l’automne 1986, quand le couturier Daniel Hechter débarque de Paris pour prendre la présidence du club.
À l’époque, les feux du titre de 1979 sont éteints depuis belle lurette. Au milieu des années 80, il reste à peine trois ou quatre milliers de spectateurs dans un stade pourtant flambant neuf pour assister à un spectacle souvent triste à pleurer. La descente en Division 2 finit par sanctionner les errements successifs au printemps 1986.
Mais que vient alors faire le Sphinx dans cette galère ? « Pour les structures qui sont exceptionnelles, le stade que je considère comme le plus beau de France et l’amour des Alsaciens pour le football », explique Herbin dans les colonnes des DNA, après un court exil à Al-Nasr, en Arabie Saoudite.
Hechter, flanqué de son bras droit Jean-Pierre Dogliani, a besoin d’un nom pour asseoir sa légitimité à Strasbourg. Celui de Francis Piasecki, un des héros du titre passé sur le banc, ne lui revient pas. Il faut dire que le début de saison est calamiteux. Le Racing se traîne en queue de peloton (une seule victoire, un nul, cinq revers).
« Il ne mettait jamais de chaussettes, même en hiver ! »
Herbin est chargé de relancer la machine. Il découvre un groupe de vieux briscards emmenés par Didier Six et Walter Kelsch et de jeunes pas encore mûrs, comme Jean-Jaques Etamé ou Vincent Cobos. Heureusement, il peut compter sur le sens du but de Peter Reichert.
« Ça faisait quelque chose de le voir en chair et en os, dit Bruno Paterno, un des néo-pros du Racing qui avait vibré devant les images des Verts quand il était enfant. Il avait de la prestance, le sens du phrasé et utilisait toujours des mots choisis. C’était un intellectuel du foot plus qu’un meneur d’hommes. Pour l’anecdote, je me souviens aussi qu’il ne mettait jamais de chaussettes, même en hiver ! Pour moi, c’était “Monsieur Herbin”. Je ne pouvais pas l’appeler autrement. »
Las, “Monsieur Herbin” ne fait pas de miracles. Le Racing, qui perd à deux reprises contre Mulhouse, finit sa saison dans le ventre mou (9e ). Les shorts longs, façon rétro, de Daniel Hechter resteront finalement plus dans les mémoires que le passage du Sphinx à Strasbourg.
Rappelé par la maison mère, “Roby” rentre dans son nid du Forez. C’est Henryk Kasperczak qui ramènera le Racing en élite un an plus tard.
dna