EXCLU – Damour : « Je suis un homme épanoui »
Après deux saisons réussies à Bourg-en-Bresse en Ligue 2, Loïc Damour a décidé de quitter la France, cet été. Direction le Pays de Galles et Cardiff. Le milieu de terrain de 26 ans, formé à Strasbourg, a récemment signé un contrat de deux ans avec le club entraîné par Neil Warnock. Pour Onze Mondial, l’ancien pensionnaire de l’INF Clairefontaine explique son choix et raconte ses débuts de rêve.
Loïc, peux-tu faire un bilan des deux saisons que tu viens de disputer à Bourg ?
Je suis arrivé à Bourg sur la pointe des pieds, comme un joueur de complément. Je n’étais pas forcément prioritaire dans le recrutement du coach à l’époque. J’ai tout de même accepté le challenge avec plaisir. J’ai travaillé dur tout en gardant des objectifs élevés dans un coin de ma tête. J’ai eu la chance de ne pas connaître la blessure. Cela m’a permis de franchir les paliers petit à petit. J’ai répondu aux attendes du coach qui a commencé à me faire confiance de manière régulière. J’ai tout donné pour ne pas rater le train lorsqu’il est passé en fait. Au fil des mois, j’ai réussi à le convaincre. Le club m’a ensuite proposé de prolonger d’une saison. Lors de la deuxième année, j’ai bossé pour devenir un titulaire indiscutable. J’ai réussi à enchaîner les matchs et effectué une bonne saison. La plus aboutie de ma carrière.
Tu as longtemps été pointé du doigt pour ton irrégularité. Comment es-tu parvenu à redresser la pente et réaliser la saison « la plus aboutie de ta carrière » ?
On peut dire que j’ai touché le fond à un moment donné. En Belgique notamment. Depuis mon retour à Fréjus, en National, à l’été 2014, je me suis imposé une nouvelle ligne de conduite. J’ai arrêté de me projeter. J’ai décidé de prendre les entraînements les uns après les autres, pareil pour les matchs. Je ne pensais qu’à une chose : me faire plaisir et tout donner. Je me suis plus investi et montré plus concentré pour gagner en régularité. Je dois aussi ce renouveau à deux personnes que j’ai croisées et que je n’ai plus quittées, Mehdi Bantiti et Johann Kennel. Ce sont deux coachs en performance très complémentaires. Ils ont à la fois le rôle de grand frère et d’expert. J’ai réalisé avec eux un travail basé sur l’individualisation. À travers différents tests, ils ont réussi à déduire mes préférences motrices et cognitives. Ils m’ont ensuite permis de mieux utiliser mes points forts et donc de moins dépenser d’énergie. Tu sais, beaucoup savent expliquer leurs échecs mais très peu savent jouer sur leurs réussites. Johann et Mehdi m’ont fait prendre conscience de mon propre schéma de réussite et de comment le reproduire.
Concrètement, ils t’ont apporté quoi ?
Ils m’ont appris à repenser le football. Lorsque j’étais à Fréjus ou lors de mes débuts à Bourg, je jouais pour ne pas perdre le ballon et courrais beaucoup sans réaliser que je m’épuisais un peu pour rien. Après avoir étudié mon jeu et celui de mes partenaires, Johann et Mehdi m’ont donné des outils pour progresser et avoir un impact plus important sur le jeu pratiqué par mon équipe. Mon jeu en phase défensive était déjà de bon niveau, ils ont surtout cherché des moyens pour me rendre plus disponible et me permettre de créer de la vitesse le plus souvent possible. Mes échanges avec eux ont été constructifs et m’ont aidé à franchir un cap.
Pourquoi ne pas avoir prolongé l’aventure avec Bourg ?
Déjà, je tiens à remercier le club de Bourg. J’ai passé deux merveilleuses années là-bas, ça m’a énormément apporté en tant qu’homme et en tant que joueur. Sans cette équipe, je ne me serais jamais autant épanoui et surtout, je n’aurais peut-être jamais pu retrouver la Ligue 2. Mine de rien, Bourg a été le seul club à me tendre la main après mon année en National. Ensuite, concernant ma non-prolongation, la situation a toujours été claire entre les dirigeants et moi dans le sens où j’avais des objectifs bien définis en tête. Certes, je suis arrivé en tant que doublure mais je savais pourquoi je signais et surtout, je savais où je voulais aller. Je voulais que Bourg ne soit qu’une étape pour moi. Voilà les raisons pour lesquelles j’ai signé seulement deux contrats d’un an. J’avais pour ambition de me confronter à autre chose pour voir ce que j’avais dans le ventre. Je ne savais pas et d’ailleurs je ne sais toujours pas quelles sont mes limites. Je visais un club de Ligue 1 ou un bon projet à l’étranger. Si c’était pour rester en Ligue 2, je n’aurais pas quitté Bourg qui était ma priorité dans ce championnat. Mon discours a toujours été le même avec tout le monde. J’ai eu la chance de signer à Cardiff. Le projet correspondait pleinement à ce que je souhaitais au début du mercato.
« Je continue à apprendre chaque jour et à me montrer le plus attentif possible pour limiter mon temps adaptation et être le plus compétitif possible. Il faut que je continue comme ça. »
Comment s’est déroulée ton arrivée à Cardiff ?
Mon agent m’a rapidement fait part de l’intérêt de Cardiff. J’ai immédiatement demandé à mon agent de foncer. Ma priorité était de signer dans ce club. J’ai laissé mon représentant travailler tranquillement et puis après quelques semaines de négociations, l’officialisation est intervenue début juillet. Tout s’est fait très naturellement. J’ai vraiment apprécié le comportement des dirigeants de Cardiff, très professionel.
Tu t’es bien intégré dans ta nouvelle équipe ?
Franchement, oui. Tout se passe super bien. J’ai été très bien accueilli. Jusqu’à aujourd’hui, c’est un régal au quotidien. Je suis encore dans la découverte. Tous les jours, je découvre de nouvelles choses. C’est très enrichissant : une nouvelle culture, un nouveau football, une nouvelle langue, une nouvelle manière de vivre. Je suis très bien installé avec ma famille. Honnêtement, je suis un homme épanoui. J’en prends plein les yeux. Je savoure sur et en dehors du terrain. Je croque à pleines dents dans cette expérience. J’espère pouvoir en tirer le plus de bénéfices possible.
Passer de Bourg à Cardiff doit te faire bizarre, non ?
Grave. Honnêtement, il n’y a pas qu’avec Bourg qu’il y a un monde d’écart. Tout le monde sait ce qu’est l’Angleterre. J’ai la chance d’évoluer aujourd’hui en Angleterre. Je te le confirme : il y a plus d’une planète de différence entre la Ligue 2 et la Championship. Je ne peux pas comparer ce championnat à la Ligue 1, puisque je n’ai jamais joué en L1. Au niveau du professionnalisme, des infrastructures, de l’engouement… c’est vraiment autre chose. Je confirme tout ce qui se dit sur l’Angleterre. C’est un vrai pays de football. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que de très bons joueurs de Ligue 1 signent en Championship aujourd’hui. Je prends cette occasion comme une chance. Je vais essayer de la saisir du mieux possible pour ne pas avoir de regrets.
Quels sont tes rapports avec le coach, Neil Warnock ?
Tout se passe très, très bien. C’est un entraîneur qui échange beaucoup avec les joueurs. C’est une chance. Avec le coach, le staff, mes partenaires… tout roule ! J’ai eu la chance d’avoir du temps de jeu durant la préparation, j’ai joué mes premières minutes en match officiel. Je me suis même montré décisif sur le but de la victoire lors du match d’ouverture. Donc tout va bien. Je suis vraiment content de mon choix. J’ai les yeux grands ouverts. Je continue à apprendre chaque jour et à me montrer le plus attentif possible pour limiter mon temps adaptation et être le plus compétitif possible. Il faut que je continue comme ça.
Quels sont tes objectifs pour cette saison ?
Je n’ai pas forcément d’objectifs. Je vais garder la ligne de conduite qui m’a amenée jusqu’ici. Je vais prendre les entraînements les uns après les autres, les matchs aussi. Je me défoncerai à chaque fois que j’obtiendrai du temps de jeu pour montrer le meilleur visage possible et devenir un titulaire dans cette équipe le plus rapidement possible. Je ne veux pas avoir de regrets. Je veux gagner ma place et à avoir un maximum de temps de jeu.
Onze