Retour vers le futurC’était hier matin à la 1 re chambre commerciale place d’Islande : Frédéric Sitterlé (à gauche) et son conseiller Henri Ancel attendaient sereinement d’être auditionnés. La qualité du projet porté par l’investisseur haut-rhinois a été soulignée par la présidente Martine Rivet. Photo S.G.
En liquidant hier après-midi la SASP (1) Racing avec effet immédiat, La 1 re chambre commerciale du Tribunal de Grande Instance de Strasbourg a tiré un trait définitif sur le passé récent peu glorieux du RCS. Le club peut désormais entamer sa reconstruction. L’investisseur haut-rhinois Frédéric Sitterlé en sera le maître d’œuvre.
Quand on est à court de liquidités, on court immanquablement à la liquidation. Ainsi pourrait se résumer la triste fin du Racing-Club de Strasbourg professionnel. Hier après-midi, peu avant 16h, la 1 re chambre commerciale du Tribunal de Grande Instance a enterré de façon brutale, mais attendue, le professionnalisme au RCS, vieux de 78 ans. Elle a prononcé la liquidation pure et simple de l’actuelle SASP.
La présidente Martine Rivet avait, dans la matinée, auditionné tous les acteurs du dossier, du président de l’association support RCS Patrick Spielmann à l’adjoint strasbourgeois aux finances Alain Fontanel, en passant par le représentant du personnel Eric Moerckel et les deux candidats à la reprise, le propriétaire supporter Thomas Fritz (2) et le seul candidat vraiment sérieux, l’homme d’affaires haut-rhinois Frédéric Sitterlé. « La présidente a signifié à M. Fritz que son offre n’en était pas une et que juridiquement, il n’était pas autorisé à racheter le club, puisqu’il était actionnaire de la société en faillite », expose Claude-Maxime Weil, l’administrateur judiciaire nommé le 18 juillet, « Or, un plan de reprise ne peut être porté que par quelqu’un d’extérieur. Elle a en revanche salué la qualité de l’offre de M. Sitterlé, formulée à l’origine pour un redémarrage en CFA. Comme le club va repartir en CFA 2, ce projet ne s’inscrit plus dans la même stratégie. Elle a donc préféré prononcer la liquidation. »
Sur le fond, cette décision couperet ne change rien. Au contraire. « Il n’y a désormais plus aucun lien entre l’ancienne SASP et la nouvelle que Frédéric Sitterlé va créer ces prochains jours », pointe C.-M. Weil.
Comme prévu, l’investisseur de Blodelsheim va donc racheter pour 156 000 euros les derniers actifs du club : la marque RCS et le mobilier des bureaux. Il pourra ensuite compter sur le soutien de la Ville et de la Communauté Urbaine de Strasbourg, lequel devra être redéfini, puisque le RCS repartira dès ce samedi (19h) à Forbach en CFA 2 et non en CFA. La Fédération doit en effet valider ce mercredi l’engagement du RCS au 5 e niveau national (3). « Le tribunal a estimé qu’avec Frédéric Sitterlé, les conditions pour la reconstruction étaient là », souligne Alain Fontanel, « mais un énorme sentiment de gâchis prédomine. Un club plus que centenaire, qui a connu le plus haut niveau français, voire européen, se retrouve aujourd’hui avec deux équipes engagées en CFA 2 et DH, alors qu’il y a quelques semaines encore, elles étaient aux portes de la L2 et du CFA. Mais un grand espoir vient de se faire jour. Si le RCS sera toujours dépendant des aléas sportifs, il est désormais débarrassé des présidents successifs qui l’ont amené tout en bas. Dès cette semaine, le maire Roland Ries va recevoir Frédéric Sitterlé et les partenaires du club. »
Ainsi, comme le met en lumière le futur propriétaire, le Racing « tourne-t-il une page et remet-il les compteurs à zéro. » Et l’entrepreneur de Blodelsheim de répéter que « la reconstruction a déjà démarré, avec mon soutien à l’association depuis plusieurs semaines. Aujourd’hui, le club est dans la difficulté et c’est maintenant qu’il a besoin de solidarité, de soutien, de la part des collectivités et du public. Le premier match à domicile aura lieu le samedi 3 septembre à 18h30 à la Meinau contre l’AS Illzach-Modenheim. Il est vraiment important que tout le monde, tant haut-rhinois que bas-rhinois, y vienne pour en faire la grande fête du football alsacien. »
Une fête à laquelle sera sans doute associée la gent féminine, puisqu’en lever de rideau devrait avoir lieu à 16h le match de gala de Division 1 entre les filles de Vendenheim et le champion d’Europe Lyon. Après un été en chute libre, le foot remonte peu à peu la pente du côté de la Meinau.
(1) Société Anonyme Sportive Professionnelle.
(2) Il avait racheté début juillet pour un euro symbolique la holding de tutelle Racing Investissements à l’ancien actionnaire majoritaire Jafar Hilali.
(3) Dans l’absolu, la FFF peut toujours condamner le Racing à la DH. Mais en demandant sa rétrogradation volontaire en CFA 2, le club bas-rhinois lui a signifié sa volonté de faire table rase du passé et de reconstruire sur des bases saines.
L'Alsace