Ancelotti ne fait plus l'unanimité Est-ce la fin de l'état de grâce de Carlo Ancelotti ?
Successeur d'Antoine Kombouaré à la fin du mois de décembre, le
technicien italien voit sa cote de popularité baisser en même temps que
les résultats négatifs du Paris Saint-Germain ces derniers temps. Les
choix tactiques du "Maestro" sont de plus en plus contestés au sein de
l'effectif parisien. Ancelotti cherche encore la bonne formule. (Reuters)
Il y a trois semaines, ils étaient nombreux, nous les premiers (!), à
ériger Carlo Ancelotti en maître tacticien, capable d'arracher à lui
tout seul un nul à Lyon au terme d'une rencontre épique (4-4) ou une victoire à Dijon,
là encore au bout du temps additionnel (2-1). Au point que fut aussitôt
adopté le néologisme d'«Ancellotime», pour désigner ce money-time
synonyme de points arrachés pour une équipe du PSG alors en tête de la Ligue 1 et promise à un titre que seuls les Montpelliérains étaient en mesure de lui contester.
Deux nuls (à Caen et contre Bordeaux) et deux défaites (face à Lyon en Coupe de France et samedi à Nancy) plus tard, Montpellier en tête et Lille
sur ses talons, le ton a radicalement changé à propos du Transalpin
qui, après avoir bénéficié d'une sorte d'état de grâce due à ses états
de service dans des clubs aussi prestigieux que l'AC Milan et Chelsea,
mais aussi à sa capacité appréciée à vite se mettre à la langue
française, semble avoir perdu une bonne partie de son aura, vis-à-vis de
l'extérieur, ce qui, à la limite, est la règle du jeu lorsque l'équipe
ne gagne plus, mais, plus inquiétant pour le PSG, également de
l'intérieur.
Des mouvements d'humeur plus fréquentsDésireux d'imposer sa patte à son arrivée pour mieux marquer la coupure
avec son prédécesseur, Ancelotti a fait des choix parfois radicaux qui
ont provoqué au mieux quelques grincements de dents, au pire des
bouderies prolongées. Pour un Guillaume Hoarau ou un Peguy Luyindula,
heureux de retrouver du temps de jeu pour le premier, le groupe pour le
second, banni de l'ère Kombouaré - sa réintégration peut toutefois être
interprétée comme une stratégie du club pour mieux défendre sa cause
devant les tribunaux -, combien de malheureux au sein d'un effectif au
sein duquel l'ambiance ne semble plus au beau fixe ? L'exemple le plus
frappant a été la colère, samedi sur le banc de Marcel-Picot, d'un Nenê,
remplaçant alors qu'il a plusieurs fois porté cette saison sur ses
épaules le poids offensif d'une équipe dont il reste le meilleur
réalisateur en ligue 1 avec 13 buts. Le gaucher aurait même été véhément
devant ses partenaires, ce qui lui a valu une petite explication de la
part de son directeur sportif Leonardo, comme ce dernier le confie dans
L'Equipe de mardi:
"Chacun peut avoir sa réaction, on le respecte, mais on ne peut pas se comporter comme ça".
Reste qu'avant le Brésilien, son compatriote Ceara, principale victime
du déplacement de Bisevac dans le couloir droit, s'était publiquement
ému du traitement dont il s'estimait la victime -
"Tout cela est une stratégie pour que je pète un plomb et que je parte", avait-il lancé dans
France Football -, tout comme, dans des termes plus policés, «l'ancien» Sylvain Armand,
qui a compris cet hiver en voyant arriver Maxwell qu'il ne jouerait
plus beaucoup, sauf blessure du Brésilien (qui est arrivée). D'autres
observent un silence lourd de sens, à l'instar de Kevin Gameiro, Clément Chantôme, Zoumana Camara et surtout le capitaine Mamadou Sakho,
lui aussi mis sur la touche par Ancelotti, pas forcément au fait du
statut d'icône que possède l'intéressé auprès des supporters parisiens.
Des stats moins bonnes que celles de Kombouaré...En voulant renforcer quantitativement (à défaut de qualitativement ?) le
groupe l'hiver dernier, Leonardo et Carlo Ancelotti semblent
paradoxalement l'avoir aussi fragilisé, rompant le relatif équilibre
échafaudé par Antoine Kombouaré, d'autant que ce groupe n'était
peut-être pas encore mûr pour vivre la concurrence à outrance, qui est
le quotidien des grands clubs européens (que n'est pas encore le PSG).
La remarque vaut surtout pour la défense, beaucoup plus friable depuis
le changement d'entraîneur, puisqu'en onze matches avec Ancelotti, elle a
encaissé presque autant de buts qu'en dix-neuf avec l'ancien coach
parisien (15 contre 17, soit une moyenne de 1,36 par match contre 0,89).
Pire, le Néo-Calédonien s'était souvent vu reprocher la manière, et dans
ce domaine, on ne peut pas dire que son successeur ait fait beaucoup
mieux, lui qui passe son temps à chercher la bonne formule, entre son
fameux «sapin de Noël» en 4-3-2-1, un 4-2-3-1, un 4-4-1-1 et on en
passe... Paris marque certes plus avec Ancelotti, mais comme le
«bloc-équipe» fonctionne moins bien, l'équipe marque surtout moins de
points (1,81 par match contre 2,1 sous Kombouaré). Certains mettent en
avant, pour expliquer la baisse de régime parisienne, la méconnaissance
de l'Italien de la Ligue 1 et des équipes adverses, comme si Ancelotti,
persuadé d'avoir une baguette magique, faisait fi de l'adversaire. Ce
que conteste Leonardo, toujours dans
L'Equipe:
"Non. Il
connaît parce qu'il y a un travail approfondi effectué par rapport à
chaque équipe. Ancelotti connaît tout, même la couleur du slip de
l'adversaire".
Ce qui est en revanche certain, c'est que l'adversaire en question ne
tremble plus aujourd'hui au moment de se frotter à une équipe parisienne
redevenue ordinaire. Et comme le prochain adversaire du PSG, l'OM,
n'est pas du genre à se cacher au moment de défier son «meilleur
ennemi», Ancelotti a tout intérêt à trouver cette fois la bonne formule
pour éteindre l'incendie qui couve au Parc...
(Orange Sports)