Maxime Bastian, l’exilé volontaireMaxime Bastian est un jeune professionnel du Racing qui a choisi l’exil pour s’aguerrir. Parti cet été à Annecy, en National (3e division), le Savernois âgé de 20 ans enchaîne les matches et les bons résultats. Avec l’espoir de revenir plus fort dans quelques mois à Strasbourg.
Ce lundi, en pleine trêve internationale pour les clubs pros, Maxime Bastian a enchaîné son neuvième match comme titulaire.
C’était au Parc des Sports d’Annecy, sous une pluie battante et devant près de 3 000 Savoyards en joie. C’était un joli succès, déjà le sixième cette saison, contre Villefranche/Beaujolais (2-0) jusque-là invaincu.
« On gagne et je joue. Que demander de plus ? »« Tout se passe au mieux, savoure le latéral gauche alsacien. On est deuxième du championnat (à un point du leader Bourg-en-Bresse et désormais deux devant Villefranche). C’est bien, même si cela est anecdotique après neuf journées. Mais on gagne et je joue. Que demander de plus ? »
Maxime Bastian ne regrette pas son choix. Au printemps, ce membre de la génération 2001 a fait partie des dix “élus” qui ont paraphé leur premier contrat professionnel au Racing (*), club qu’il avait rejoint à l’âge de onze ans en provenance du FC Saverne.
« En restant à Strasbourg, je me serais peut-être entraîné de temps à autre avec l’équipe de Julien Stéphan, mais je n’aurais pas joué en Ligue 1, dit-il. Plutôt que de faire une troisième saison avec la réserve en N3, j’ai préféré opter pour ce prêt à Annecy, deux divisions au-dessus. En termes d’expérience, c’est quand même mieux. »
En arrivant sur les bords du lac, le gaucher n’était pas non plus attendu comme le messie. À son poste, le chouchou du club, Nicolas Garby (28 ans) – à Annecy depuis 2008 – partait avec plusieurs longueurs d’avance.
« La concurrence fait toujours avancer, dit Maxime Bastian. Durant la préparation, j’ai eu du temps de jeu, mais c’est lui qui devait démarrer le championnat. Deux semaines avant la reprise, il s’est blessé. C’est moi qui ai commencé. Et je ne suis pas ressorti de l’équipe. »
Laurent Guyot, ex-défenseur de Nantes champion de France en 1995 qui a pris cet été les rênes du club, lui maintient donc sa confiance.
« J’apprends beaucoup, dit le jeune homme. Le National est un championnat serré et indécis où chaque match est un nouveau combat. Tout le monde peut battre n’importe qui, peu importe le classement. »
Pour accélérer son apprentissage, Bastian peut compter sur les conseils de quelques anciens pros comme Alexy Bosetti (ex-Nice), Ahmed Kashi (ex-Metz) ou Steven Pinto-Borges (ex-Guingamp).
« Ce sont des joueurs qui ont un vécu de Ligue 1 ou de Ligue 2, c’est beaucoup plus facile avec eux au quotidien, dit-il. J’apprécie aussi l’ambiance de l’équipe qui ressemble un peu à celle que j’ai connue au Racing. J’y ai retrouvé les mêmes valeurs et principes. On privilégie une entente collective, pas une addition d’individualités. »
En dehors du terrain, cet exil en pays savoyard participe aussi de sa construction de jeune adulte. Jusque-là, “Max” ne s’est jamais vraiment éloigné de son cocon familial savernois, très présent autour de lui durant ses jeunes années de footballeur.
« Au collège, je suis parti deux ans au Pôle Espoirs de Nancy mais je rentrais tous les week-ends pour jouer avec le Racing, raconte-t-il. Mes grands-parents et mes parents étaient toujours présents. Là, c’est ma première expérience loin de chez moi. Je suis plus livré à moi-même qu’à Strasbourg. Dans un club pro, tu es encadré et épaulé. J’ai dû prendre mes marques et changer mes habitudes. Ça s’est fait sans problème parce qu’Annecy est une très belle ville, avec plein de choses à faire si tu aimes la nature. »
Celui qui s’est éveillé au ballon rond en regardant jouer son père Stéphan, « arrière gauche comme moi », les dimanches après-midi au FC Schwindratzheim à l’époque de la Division d’Honneur, entend poursuivre sa progression : « L’objectif est toujours de jouer au maximum, de prendre de l’expérience. Quand tu joues le haut du tableau, tout devient plus facile. »
À distance, Maxime Bastian suit évidemment toute l’actualité du Racing. « Je regarde les matches, je suis en contact avec mes potes qui sont au club, je parle régulièrement avec François Keller (directeur du centre de formation) ou Loïc Désiré (chef des recruteurs). »
Le latéral converse avec un autre néo-pro exilé à Sochaux (Ligue 2), le Ludovicien Marvin Senaya, un “2001” comme lui. « Depuis nos quatorze ans, on a tout fait ensemble au Racing, lui à droite, moi à gauche, précise-t-il. Et on suit un peu le même parcours, avec l’idée de partir pour mieux revenir et nous imposer au Racing. »
Les frangins Hernandez et Caci en modèles
Dans son esprit, les choses sont claires. « Je veux réaliser une saison pleine ici puis rentrer à Strasbourg et jouer à la Meinau. » La voie est tracée. Ses modèles sont les frangins Hernandez, Theo et « surtout Lucas qui m’inspire par son côté agressif et propre ».
Mais avant de rêver à un destin international, le défenseur aimerait suivre « l’exemple d’Anthony Caci », le latéral qui joue à son poste au Racing et qui est « issu de la formation ».
« Je décortique chacun de ses matches pour définir mes axes de progrès », conclut-il. Le chemin vers la Ligue 1 est encore escarpé. Mais vu d’Annecy, au pied du Mont-Blanc quand on a vingt ans, rien ne semble trop haut.
(*) Maxime Bastian a signé un contrat de trois ans au Racing, soit jusqu’en juin 2024
Le chiffre
10Comme le nombre de jeunes à qui le Racing a proposé un premier contrat professionnel ces derniers mois : le gardien Alexandre Pierre, le latéral droit Marvin Senaya (prêté à Sochaux, L2), le latéral gauche Maxime Bastian (prêté à Annecy, N.), le défenseur Marvin Elimbi, les milieux Habib Diarra, Nordine Kandil, Noé Sommer et Omar El-Manssouri et les attaquants Moussa Suso et Mahamadou Kanouté
dna