Le 30/03/2012 à 12:57
Par Axel Capron
Le Deschamps du départ ? Défait à la maison par le Bayern Munich (0-2), en quarts de finale aller de la Ligue des champions, l'Olympique de Marseille
a montré ses limites face à un grand d'Europe. Son entraîneur Didier
Deschamps a conscience de ne pas jouer dans la même cour que les grosses
écuries européennes. Un constat fataliste qui pourrait bien lui donner
des idées de départ à la fin de saison. Didier Deschamps restera-t-il à l'OM à la fin de la saison? Rien n'est moins sûr. (Reuters)Un an après avoir prolongé son bail avec l'Olympique de Marseille
jusqu'en juin 2014, Didier Deschamps mettra-t-il un terme fin mai à son
aventure sur le banc d'un club qu'il aura doublement marqué de son
histoire, joueur lorsqu'il a soulevé le trophée de la Ligue des
champions en 1993, entraîneur, lorsqu'il lui a permis, en 2010, de
renouer avec son prestige d'antan en remportant coup sur coup la Ligue
des champions et le titre de champion de France ?
Encore impensable il y a peu, tant «DD» bénéficie d'une solide cote de
popularité sur le Vieux Port, où les supporters lui savent gré d'avoir
mis fin à une interminable période de disette de presque vingt ans,
l'hypothèse d'un départ se pose de plus en plus, au moment où l'OM
traverse un véritable trou noir, comme il n'en a jamais connu dans son
histoire. Sept défaites consécutives, toutes compétition confondues,
entre le 26 février et le 20 mars, huit matches sans gagner en
Championnat, série en cours, et une défaite face au Bayern mercredi en
quarts de finale aller de la Ligue des champions qui est finalement
venue rappeler que la présence de l'OM à ce stade de la compétition
tenait presque du miracle.
Et ça, Didier Deschamps semble avoir bien du mal à l'encaisser, lui dont
le niveau d'exigence professionnelle a toujours été élevé, que ce soit à
Monaco
ou à la Juventus, les clubs qu'il a auparavant entraînés. Et il a
d'autant plus de mal à l'encaisser que pour la première fois depuis
qu'il s'est assis sur le banc phocéen, il a été la cible mercredi de
banderoles et de cris de supporters réclamant son départ. Si son
président Vincent Labrune a fait mine de ne pas les avoir vus ou
entendus, l'intéressé, moins aveugle, a de son côté tenté de les
relativiser après le match:
"Chacun est libre. Il y a de la
déception, la plupart du public était venu pour vivre des émotions. A
notre arrivée sur le Prado, j'ai vu des gens enthousiastes. Quand on ne
gagne pas les matches, on est déçu bien sûr."Des efforts au mercato ?Déçu, Deschamps l'était forcément, responsable aussi ? L'entraîneur a
forcément sa part de responsabilité dans la déliquescence actuelle de
l'OM, son choix de lancer Andrade à la place de Bracigliano face au
Bayern s'étant par exemple avéré fatal aux Marseillais, mais nul doute
que quelque part, «DD» s'estime «trahi» par ses dirigeants qui ne lui
ont pas donné les moyens d'assurer le «service après-vente» du titre
conquis en 2010, le premier depuis dix-huit ans, notamment en Ligue des
champions. Si Gignac et Rémy lui ont été offerts sur un plateau en guise
de remerciements (le premier s'avèrera finalement tout sauf un cadeau
!), le départ in extremis de Niang à la fin du mercato d'été 2010 a
constitué un premier coup de poignard, mal vécu par l'intéressé qui
parviendra tout de même avec un effectif à peu près stable à conserver
la Coupe de la Ligue et décrocher un deuxième ticket consécutif pour la
Ligue des champions.
C'est paradoxalement à partir de là, alors que Deschamps avait décidé de
prolonger, que les choses se sont gâtées, Margarita Louis-Dreyfus,
lasse d'investir à perte, comme l'avait fait avant elle son défunt mari,
décidant de couper le robinet marseillais. Résultat, l'OM a dû faire
avec les moyens du bord et se contenter en guise de recrues de joueurs
estampillés «bons joueurs de Ligue 1», ce qu'ils sont finalement restés
depuis leur arrivée, et encore pas toujours. Si Nkoulou restera la
grande satisfaction de la saison, Diarra a passé son temps à courir
derrière le niveau qui en faisait à une époque le capitaine de l'équipe
de France (qu'il n'est plus, du coup), tandis que Morel et Amalfitano
ont clairement étalé leurs limites mercredi au très haut niveau.
Cet effectif à bout de souffle va s'attacher à terminer du mieux
possible une saison mal embouchée, notamment en visant un inédit triplé
sur la Coupe de la Ligue le 14 avril, et après ? L'avenir de Deschamps à
la tête de l'équipe dépend sans doute des réponses que pourront lui
apporter ses dirigeants. Sans efforts conséquents, nul doute qu'il
n'hésitera pas à claquer la porte ou en tout cas écouter attentivement
les propositions qui ne manqueront pas de lui être adressées. D'autant
que reste latent le conflit, usant nerveusement, qui l'oppose en
coulisses à José Anigo, indéboulonnable directeur sportif, sans que l'on
ne sache trop pourquoi. Vincent Labrune en est sans doute conscient lui
qui, sans régler le «cas Anigo», espère convaincre «MLD» de lâcher la
bride l'été prochain. Mercredi après la défaite face au Bayern, apparu
un brin excédé, il a ainsi confié:
"Je le répète, ce qui nous intéresse avec Margarita (Louis-Dreyfus)
, c'est de travailler pour la pérennité du club et bâtir une équipe compétitive pour la saison prochaine..." Ces propos seront-ils suivis d'effets ? Deschamps l'espère, il n'est sans doute pas le seul...
(Orange Sports)