Rudy Cuni, l’homme des datasArrivé cet été dans le staff de Julien Stéphan, Rudy Cuni est en charge des analyses vidéos et autres datas pour affiner les tactiques en fonction des adversaires. Un domaine dans lequel le Biterrois de 29 ans a été un des précurseurs dans le football français.
De lui, Julien Stéphan avait dit en juillet – en évoquant les différents membres du staff qui l’accompagne au Racing – que « c’est quelqu’un d’une grande compétence, d’une grande humanité également ». « C’est un signe fort qu’il a envoyé en venant vivre cette aventure à Strasbourg, parce qu’il fait vraiment partie des tout meilleurs en France », avait souligné le technicien qui a appris à connaître Rudy Cuni au Stade Rennais.
« Quand j’ai commencé, on était quatre ou cinq à faire ça en France »Travailleur de l’ombre, le Biterrois s’est en effet fait une place dans un domaine très particulier, celui de l’analyse des datas – les Expected Goals (xG pour les intimes), probabilité de passes, zones de potentiel danger, etc – dont il veut percer les secrets pour éclairer le chemin à prendre pour déjouer les plans de jeu adverses.
Une expérience débutée « il y a sept, huit ans » du côté de Montpellier où Rudy Cuni, étudiant en STAPS, s’est « un peu formé seul » notamment au MHSC (où son frère David est désormais commercial). « Après mon parcours universitaire, je suis parti à Bastia, qui cherchait un analyste pour travailler avec Ghislain Printemps », précise celui qui rejoint l’Ile de Beauté en 2014.
« Quand j’ai commencé, c’était un métier jeune, on était quatre ou cinq à faire ça en France. Aujourd’hui, c’est un métier qui est totalement installé dans les staffs de Ligue 1 », rappelle Rudy Cuni, dont la carrière aurait pu prendre un sacré coup d’arrêt en 2017 quand le SC Bastia a déposé le bilan.
Détours par Brentford et Arsenal« À la descente du club, je me suis retrouvé au chômage, comme tout le monde. J’en ai profité pour partir à l’étranger à droite, à gauche, notamment en Angleterre. J’ai fait Brentford, qui est assez avancé sur ces idées (*), et Arsenal. Ce sont deux clubs différents, un, très installé, avec une grosse structure et beaucoup de moyens, et l’autre plus petite avec beaucoup d’idées. C’est ce qui m’a intéressé dans mon voyage là-bas. »
Une année riche d’expériences, avec des petits crochets par l’ovalie à Béziers et du côté de Toulouse – « le rugby est assez en avance dans l’utilisation des datas, c’était intéressant de voir ça de plus près », glisse Rudy Cuni –, dans laquelle il a pu puiser au moment de reprendre du service en Ligue 1 à Rennes en 2018, d’abord au service de Sabri Lamouchi puis de Julien Stéphan, avec qui le courant est vite passé.
« On a travaillé un peu plus de deux ans ensemble. On a pu créer une vraie relation de travail, un vrai lexique commun et une façon très harmonieuse de travailler. Ça s’est fait de façon très naturelle, c’est un coach qui travaille énormément avec les aspects vidéos, tactiques et datas et qui m’a totalement intégré dans le staff dès son intronisation », explique Rudy Cuni.
En trois saisons à Rennes, le Biterrois ne s’est pas uniquement converti au beurre demi-sel. « J’étais seul au début, mais on a rapidement créé une équipe et un département d’analyse. Quand je suis parti, on était quatre », rembobine celui qui a préféré laisser derrière lui un projet qu’il a fait grandir pour rejoindre Strasbourg. « Il y a l’analyste club, il y a celui qui suit le coach, et au vu de la méthodologie de travail qu’a créé Julien, c’était naturel de partir avec lui et de voir du pays », résume-t-il sobrement
« Je viens de finaliser Saint-Étienne et je vais basculer sur Rennes »Sur les bords du Krimmeri, il est présent lors de toutes les séances en bord de terrain, la tablette en mains pour piloter un drone. « Sur l’entraînement, c’est essentiellement du séquençage de vidéos qu’on diffuse ensuite aux joueurs sur un groupe WhatsApp », précise celui dont « le pain quotidien, c’est l’analyse de l’adversaire ».
En cette période de trêve internationale, Rudy Cuni n’a pas vraiment l’occasion de buller, lui qui doit avoir un coup d’avance sur le calendrier en permanence. « Je remets à jour certaines bases de données, que ça soit vidéos ou datas. Il y a la partie analyse brute du championnat et une autre que je me fais. J’ai du temps largement pris avec ça, sourit-il. Et puis il y a les prochains adversaires. Là, je viens de finaliser Saint-Étienne (qui vient ce dimanche à 17h à la Meinau, ndlr) et je vais basculer sur Rennes (où le Racing se rendra le 24 octobre). »
Il y a donc ces projections et il y a aussi les jours de match où il prend place en tribunes. En une période, il est capable de proposer « un mini-montage avec les images fournies au club ». « Si quelque chose qu’on n’a pas prévu se passe, il faut qu’on ait l’opportunité de le régler à la mi-temps. Si Julien (Stéphan) avait prévu un plan de jeu et que ça fonctionne, je peux insister là-dessus. Après, il peut très bien ne pas utiliser les images et faire en fonction de son ressenti qui est très proche de la réalité. »
Rudy Cuni, homme des datas, a alors fait son travail, celui dont le fruit ne sort pas du cercle de l’équipe et dont le foot moderne ne saurait se passer.
(*) Le FC Brentford, racheté il y a six ans par Matthew Benham, un ancien parieur, vient d’accéder à la Premier League. Le club a basé sa stratégie sportive sur l’utilisation des datas
« Djiku était déjà demandeur quand on s’est connu à Bastia »Avant la signature fin août de Gerzino Nyamsi, côtoyé au Stade Rennais, Rudy Cuni ne connaissait qu’un seul joueur de l’effectif du Racing : Alexander Djiku. Le défenseur de 27 ans a en effet évolué au SC Bastia jusqu’à la fin de la saison 2016/2017.
« Alexander était déjà demandeur sur toutes ces questions datas, d’analyse vidéo et tactique, dévoile Rudy Cuni qui s’était lancé dans le métier sur l’Ile de Beauté trois ans plus tôt. J’ai pu constater que depuis, il a continué à s’intéresser à ces questions. Il a même beaucoup progressé dans ce domaine. Comme beaucoup de défenseurs, il est très réceptif. Mais de toute façon, ici à Strasbourg, les joueurs adhèrent bien. C’est assez facile de bosser avec eux. »
dna