zoom sur Egon Gindorf Bleu à l’ombre de Louis-IIEgon Gindorf manque rarement l’occasion de monter dans l’avion depuis la Côte d’Azur pour rejoindre la Meinau et y voir évoluer son cher Racing.Fidèle au Racing dont il fut le président de 2003 à 2006, Egon Gindorf vit à Monaco depuis près de 30 ans. Si son corps est le plus clair du temps à l’ombre de Louis-II, son cœur bat toujours à la Meinau.
Le poids des années ne fait pas son œuvre ou si peu. Il y a bien quelques ennuis de santé qui l’ont contraint à ne plus apparaître en première ligne. Il y a bien quelques contraintes liées à un certain âge. « Maintenant, c’est vrai, les matches du Racing, je les suis en loges plutôt qu’en tribunes », lâche-t-il de sa voix à jamais enjouée. Mais le rendez-vous tous les quinze jours, dans l’antre du club strasbourgeois, reste une habitude bien chevillée au cœur et au corps.
« Ici, le foot n’est vraiment pas populaire »Egon Gindorf, qui reste dans le tour de table des actionnaires du Racing, conserve ce sang de la passion qui a viré au bleu, dans les années 70, en lâchant avec fidélité de ses deniers personnels pour la grandeur d’un club qu’il chérit, malgré l’éloignement. « Je vis à 600 mètres de Louis-II, plante-t-il comme décor de son quotidien. Mais ici, le foot n’est vraiment pas populaire. Il y a maximum 15-16 000 spectateurs. Le plus souvent la moitié. Les gens passent à côté. Ce qui se passe au stade, ce n’est pas important. »
C’est comme ça. Les joueurs racés qui portent le maillot dessiné par la princesse Grace ont beau garnir l’armoire à trophées, l’indifférence est de mise. Egon Gindorf a pu se plonger dans les réalités de son voisin, voire y investir un peu d’argent. « Quand Marc Keller était dirigeant à Monaco, c’était il y a une dizaine d’années, alors que je venais de vendre le Racing à Philippe Ginestet, glisse le sage de 87 printemps désormais. J’allais assez souvent au match, à Monaco. Mais j’avais des problèmes de santé. Ce n’était pas possible pour moi de repartir. Après, depuis que les Russes sont arrivés ( ndlr : Dimitri Rybolvlev a racheté le club en décembre 2011 ), je connais moins de personnes au club. »
Le changement de propriétaire a été une révolution. Des investissements colossaux ont relancé la machine. Aujourd’hui, l’ASM achète des futurs cracks, vend des éléments aguerris au gré d’échange d’enveloppes de plusieurs dizaines de millions d’euros. Et, surtout, pour le Prince, l’essentiel est atteint. Monaco joue les premiers rôles dans l’Hexagone et même au-delà. « Le Prince Albert est effectivement très sportif et les capitaux russes ont été un soulagement parce qu’il ne pouvait plus autant investir qu’il n’a pu le faire dans le passé, remarque Egon Gindorf. C’est une personne très agréable, simple, qui ne fait pas le show mais qui peut venir boire une bière avec le club des Alsaciens de Monaco. »
La passion du chef d’État monégasque n’est évidemment pas pour rien dans la bonne santé sportive des clubs du Rocher. « En basket, dont on parle de plus en plus dans les journaux locaux, en foot, c’est tout de même pas mal, constate l’ancien chef d’entreprise. Les résultats sont bons. » Ceux du Racing, lancé dans une lutte pour le maintien, délicate en 2018, ne sont pas tout à fait de la même veine.
« Je crois qu’on va gagner ce match » Il n’empêche. L’un de ses supporters les plus fidèles y croit. « Je crois qu’on va gagner ce match, lâche-t-il. C’est une question de mentalité. C’est le moment de faire un bon match, de se relancer, de se redonner le moral. Il faut faire attention à ces trous que l’on peut connaître à vingt minutes de la fin mais pour le reste, j’y crois. Même s’il est clair que le maintien, en Ligue 1, il faut le mériter. Quand on voit que Troyes, en jouant si bien, est 18e. »
Aux yeux d’Egon Gindorf, il n’est plus temps de traîner en route. Un maintien au printemps confirmerait la renaissance d’une passion qui ne s’est jamais éteinte. Et une victoire face à Monaco y contribuerait au plus grand bonheur d’un Monégasque.
dna