Une dernière marche
Le Racing a arraché le match nul, hier soir, sur la pelouse de Niort. Ce matin, les Alsaciens n’ont plus qu’un point d’avance sur leurs poursuivants et devront s’imposer, vendredi prochain, à la Meinau, pour gravir la dernière marche menant à la Ligue 1.
Les données étaient claires hier soir, sur la pelouse de René-Gaillard. Le Racing devait s’imposer, tout en espérant un faux pas d’Amiens ou de Troyes pour valider une montée attendue par toute une région depuis de longues années.
Dans le cadre champêtre du stade René-Gaillard, qui porte aussi le doux surnom de Venise verte, les Alsaciens pouvaient marquer l’histoire en rejoignant l’Élite. Faisant, par là même, un joli clin d’œil aux Niortais qui fêtaient hier le 30e anniversaire de leur dernière montée en Ligue 1.
« C’était un match où tout pouvait arriver »
Mais sous les yeux de l’ancien (et plus célèbre) des Chamois, Abedi Pelé, les Strasbourgeois avaient fort à faire. Même si les coéquipiers d’Agouazi, calés dans le ventre mou, n’avaient plus à rien à espérer ni à craindre, ils voulaient tout de même effacer l’affront du match aller, qu’ils avaient terminé à neuf.
Et, en effet, les Niortais n’ont rien lâché. Les Alsaciens ont même dû sacrément batailler pour ramener un point de leur voyage dans les Deux-Sèvres, Boutaib et Bahoken répondant à un doublé de Dona Ndoh.
« C’était un match où tout pouvait arriver, les joueurs ont bien réagi après avoir été menés et on a pris un point important », soulignait le président Marc Keller à l’issue de la rencontre. « Je regrette qu’on prenne deux buts évitables, exposait Thierry Laurey. Mais je suis très content du point pris, on est toujours premiers et on a les cartes en mains ».
Le début de match voit les Niortais croquer avec envie dans le ballon. Lamkel Ze et Sambia tentent de faire parler leur vitesse, sous l’impulsion de Grange, le maître à jouer niortais.
Mais on l’a dit et répété, en ce moment, le Racing a ce petit brin de réussite qui fait parfois la différence. Hier, il n’a pas eu besoin de dix occasions pour ouvrir le score. Une accélération de Bahoken, côté gauche, a suffi. Alors que l’attaquant (titularisé à la place de Blayac) était en train d’armer son centre, Agouazi a ceinturé Guillaume. Boutaïb n’a pas tremblé pour transformer le penalty, inscrivant là son 20e but de la saison (0-1, 11e ).
Mais la suite n’a pas été simple, loin de là. La faute à une équipe niortaise qui n’a pas ménagé ses efforts pour revenir au score, passé ce premier quart d’heure. Lamkel Ze a envoyé son tir dans les nuages (19e), puis Saad a eu le coup de rein nécessaire pour couper un ballon chaud devant Dona Ndoh (23e ).
Bahoken privé d’un but…
Entre temps, le Racing aurait pu aggraver le score, même si les incursions strasbourgeoises sont restées timides en cette première mi-temps. À la 36e , le coup de boule de Bahoken (sur un service de Lienard) a été sorti in extremis par Desmas sur sa ligne. Tellement in extremis que les Strasbourgeois ont tous protesté, estimant que le ballon était entré dans les filets niortais. À raison, comme le confirmeront ensuite les ralentis télés…
Mais ce sont bien les Niortais qui ont mieux fini ces 45 premières minutes. Oukidja a d’abord été auteur d’une double parade décisive devant Kiki, puis Dona Ndoh (40e ). Mais juste avant la mi-temps, le même Oukidja, secoué sur un corner de Grange, a raté le ballon et permis à Dona Ndoh d’offrir l’égalisation aux siens (1-1, 45e +2).
Dur pour des Strasbourgeois qui apprenaient aussi à la mi-temps que Troyes et Amiens avaient fait le boulot sur leurs terrains respectifs (lire page suivante). Bref, tout était à refaire pour le onze de Thierry Laurey à l’entame de la deuxième période.
Dès la 46e , Gonçalves lâchait un centre tir, signe que les Alsaciens voulaient montrer un visage plus mordant dans cette seconde période. Mais les Niortais continuaient leur travail de sape, le virevoltant Sambia posant de gros soucis dans le couloir droit.
Lienard y allait de son coup franc. Au-dessus (52e ), tout comme sa copine conforme tirée par Grange, côté niortais (56e ). Mais une nouvelle erreur défensive allait offrir sur un plateau le deuxième but aux Niortais.
Kiki faisait un festival aux 25m, puis centrait en direction du point de penalty. Oukidja sortait et boxait le ballon sur le dos de Saad, alors que le danger n’était pas flagrant… Dona Ndoh, en embuscade, n’avait plus qu’à pousser le ballon au fond des filets alsaciens (2-1, 62e ).
... avant de sauver les siens
Mais cette équipe alsacienne, même quand elle n’est pas bien dans ses baskets, a déjà prouvé qu’elle avait de la ressource. Et cela n’a pas manqué hier, Bahoken égalisant pour les siens après une longue touche, sur une bicyclette déviée par Kiki (2-2, 68e ).
Forcément, le dernier quart d’heure allait être complètement fou. À la 76e , le Racing encaissait un but. Mais inscrit de la main par… Agouazi, expulsé pour un deuxième carton jaune. Au lieu de mener 3-2, les Niortais se retrouvaient à dix, au grand soulagement du banc alsacien.
Las, les Strasbourgeois, malgré les efforts de Sacko, Blayac et les autres, ne parvenaient pas à prendre le meilleur sur des Niortais dans les dernières minutes.
« Au vu de notre prestation, on ne méritait pas de monter », soulignait Felipe Saad dans les vestiaires de René-Gaillard. Thierry Laurey se voulait plus nuancé. « On savait qu’on avait une dure semaine, avec deux déplacements compliqués et on prend deux points, c’est pas mal. Et on a la main, à nous de finir le boulot ».
Ce matin, les Alsaciens sont toujours en tête de Ligue 2. Mais ils n’ont plus qu’un point d’avance sur le duo Amiens/Troyes et devront absolument s’imposer, vendredi, face à Bourg-en-Bresse, pour valider leur montée en Ligue 1. Et mettre ainsi fin (enfin) à neuf ans de disette au plus haut niveau…
dna
«Vivement la finale»
Les Strasbourgeois retiennent de leur soirée la position avantageuse qu’ils occupent avant leur dernier match à la Meinau : une finale qu’ils sont impatients de disputer.
Bien conscients de n’avoir pas réalisé leur match de l’année, les Strasbourgeois n’ont pas boudé le plaisir de rester aux commandes de la Ligue 2 au terme de leur voyage à Niort. «Il suffit de regarder le classement», a souri Baptiste Guillaume, qui n’a pas eu beaucoup de ballons à se mettre sous la dent.
«On se retrouve avec un scénario incroyable»
Lui et ses coéquipiers l’avaient bien en tête d’autant… que le podium du championnat après 37 journées était écrit sur la porte du vestiaire: Strasbourg 64, Troyes 63, Amiens 63.
«Les autres ont gagné, tant mieux pour eux, a poursuivi le joueur belge. Mais on a notre petit point d’avance. On ne peut pas rêver mieux, c’est ce qu’il y a de plus beau, jouer devant son public de 27 000 spectateurs. Que la semaine aille vite.»
Il valait mieux ne retenir qu’une réalité comptable favorable. «C’était un match compliqué et on est mal entré dedans, même si on a marqué tôt, indique Stéphane Bahoken. On a su rester serein, on n’a pas perdu notre calme. On se retrouve avec un scénario incroyable. La Meinau sera pleine à craquer. On va mettre les ingrédients pour terminer le job.»
Thierry Laurey et ses joueurs ont confectionné un bon gros gâteau de 37 couches. Il est l’heure d’y mettre l’inestimable cerise. «On va se mettre dans notre bulle, explique Jérémy Grimm. On s’en sort bien face à Niort mais on repart avec l’essentiel, on garde notre destin entre nos mains et… entre nos pieds.»
«On a rendez-vous
avec la Meinau»
Le capitaine et ses partenaires auraient signé 1000 fois l’engagement de décrocher, grâce à une victoire lors du dernier match à la Meinau, leur place dans l’ascenseur pour l’élite.
«Il fallait prendre quatre points sur les deux derniers matches et même cinq sur les trois, avant le déplacement à Lens car Amiens et Troyes ( et même quelques autres, NDLR ) ne lâchent rien, conclut Dimitri Lienard. On doit faire 67 points pour monter. Maintenant, on a rendez-vous avec la Meinau, il va falloir qu’on gagne. Je suis fier de jouer cette finale avec des Strasbourgeois qui vont faire du bruit.»
dna
Par tous les états
Après un début de soirée favorable, le Racing a vu ses espoirs de monter dès hier soir s’envoler à mesure que les gros bras de la Ligue 2 ont imposé leur logique aux six coins de l’Hexagone. Et il a même échappé à une situation inconfortable en égalisant.
Evidemment, on aurait signé pour que le temps suspende son vol, sur les coups de 20h30. Et encore plus à 20h40 puisque le Racing a virtuellement été dans l’élite pendant une vingtaine de minutes.
Quand Khalid Boutaïb a ouvert la marque sur penalty, les Strasbourgeois répondaient à Amiens, l’autre promu qui ne lâche rien. Nîmes revenait également aux avant-postes en prenant un temps le meilleur, à domicile sur l’AC Ajaccio. Mais le faux rythme de l’entame à René-Gaillard ne s’est pas révélé contagieux. L’ambiance champêtre n’augure pas des combats rêvés à venir.
Le Racing ne sait pas sur quel pied danser
Le Racing ne sait pas sur quel pied danser. En fait, il ne danse pas du tout, pas vraiment inspiré dans ses offensives, une petite appréhension à vraiment se livrer.
Peu avant 21h, cela commence à ressembler à une fête au sommet. Lens s’y met aussi en prenant l’avantage sur la pelouse du Gazélec Ajaccio. Amiens double la mise et confirme son statut de trouble-fête surprise. Saad doit sauver devant Dona Ndoh, le Racing a du mal et confirme qu’il n’est pas dans un grand soir.
À 21h, le rideau tombe sur les espoirs fous du soir. Troyes ouvre la marque, prend la mesure de Reims, qui enterre par la même occasion ses tout derniers espoirs de (re)montée. Le trio de tête fait la course en tête mais dans son sillage, on n’a pas lâché pour autant. Longtemps leader mais au pied du podium, Brest imite les Aubois et tous les autres. Dans le top 6, personne ne lâche de gomme.
Bientôt, Darbion double la marque pour l’ESTAC. Les bonnes nouvelles ne viennent pas de l’Aube mais du Gard où Nîmes concède l’égalisation. Juste avant la pause, sur les pelouses de Ligue 2 où tout le monde joue à la même heure pour la première fois de la saison, Lens se donne de l’air aussi en doublant la mise.
Dans les Deux-Sèvres, en revanche, le leader va de moins en moins bien et concède une égalisation qui n’a rien d’illogique tant il bafouille son football. Au retour des vestiaires, l’affaire tourne même carrément au vinaigre. Brest cale un temps, en concédant l’égalisation sur la pelouse de Bourg-en-Bresse, le Racing est aux fraises sur une bévue d’Oukidja peu après 21h30. Menée, la bande à Laurey ne se retrouve plus que sur la 3e place du podium, pas celle rêvée par Laurey qui préfère éviter le barrage.
Jamais sereins
Les voisins de palier, la veille, Amiens et Troyes, ont les pieds sur la table mais le but un peu miraculeux de Bahoken les en enlève. En égalisant, les Strasbourgeois remettent la main sur un destin devenu vraiment incertain pendant six minutes. Ils ne sont jamais sereins, d’autant que la concurrence crache le feu et que même Brest s’en sort grâce à un deuxième but, celui d’une victoire à Bourg-en-Bresse, inscrit à un quart d’heure de la fin.
Le Racing n’a vraiment pas intérêt à perdre mais a le bon goût d’achever le match en cherchant à le gagner. Il doit finalement se contenter d’un nul qui clarifie sa situation. S’il est le seul membre du top-6 à ne pas avoir gagné hier, il reste leader. Pour valider sa montée en Ligue 1, il n’aura guère d’autre choix que de l’emporter, vendredi, face à Bourg-en-Bresse, à la Meinau. Car dans son sillage, il y a un quintet qui a décidé d’achever sa saison sans hésiter à pétarader.
dna