DNA - dimanche 14 juin 2009
Gress, comme une évidence
L'entraîneur champion de France 1979 est susceptible de retrouver le banc strasbourgeois où il a forgé sa légende. Improbable il y a encore quelques semaines, la possibilité est défendue avec de plus en plus de virulence en interne.
Il n'est pas l'heure de lâcher une assurance, mais de susurrer une possibilité. Trente ans après, le Racing a bien fait appel à l'un de ses glorieux anciens de 1979 pour tenter de remettre de l'ordre dans la boutique. Léonard Specht a succédé à Philippe Ginestet, voilà une semaine, au poste de président.
Gilbert Gress pourrait-il prendre la suite de Jean-Marc Furlan à celui d'entraîneur ? D'aucuns crient « au fou » à voir resurgir l'ombre d'un fantôme aux réussites passées si éclatantes qu'elles en ont peut-être empêché des lendemains qui chantent.
Les opposants en lutte
contre la nostalgie ou
le foot à grand-papa
Les opposants ne manquent pas. Ils se targuent d'une lutte contre la nostalgie ou le foot à grand-papa. « Vous l'imaginez face à un joueur qui déboule dans le vestiaire avec la casquette à l'envers ?, note un salarié du Racing proche du terrain. Cela peut donner lieu à des étincelles rapidement. »
Il n'empêche. La solution apparaît régulièrement dans le panorama strasbourgeois. On se souvient qu'à l'été 2003, la tentation Gress n'avait jamais été aussi forte depuis près de dix ans lorsqu'il s'agissait d'envisager la succession d'Ivan Hasek. Antoine Kombouaré était finalement préféré au légendaire technicien du Neudorf. Gress et le Racing, c'est donc aussi une histoire de rendez-vous manqués.
Aujourd'hui, les conditions semblent néanmoins réunies pour renouer le fil d'une passionnelle histoire d'amour ponctuée comme il se doit de ruptures fracassantes. Trente ans après ce que vous savez, quinze étés après la remontée décrochée dans la chaleur d'une Meinau heureuse d'avoir vaincu Rennes en barrage et de retrouver l'élite, Gilbert Gress est un entraîneur libre de tout contrat.
Il est un amoureux du Racing naturellement intéressé par ce qui se passe du côté de la Meinau, même s'il y a assisté à deux matches en une décennie. Il est susceptible d'officier sous les ordres d'un président avec qui il a connu la réussite sans jamais connaître d'anicroche. « 98 % des joueurs que j'ai entraînés me croisent avec grand plaisir », garantit l'intéressé. Il reste toutefois une (mince) couche de glace à briser comme à chaque fois que l'on veut faire appel à l'homme à la chevelure légendaire. « J'ai été contacté par tous les présidents du Racing, mais je n'y ai travaillé qu'avec ceux qui avaient vraiment exprimé leur désir de travailler avec moi, Alain Léopold et Jacky Kientz, souligne le technicien, qui donne ses éclairages à la télévision suisse lors des grandes soirées de foot européen. Il y a un challenge qui semble difficile. Il faudrait voir ça de près. »
Un soutien clairement affiché
Comme dirait une chanson populaire, il suffirait d'un signe pour assister à un incroyable retour. Lors d'une réunion intervenue vendredi entre quelques décideurs du club, « Schilles » n'a pas été loin de faire l'unanimité.
Le technicien, dont la dernière expérience a constitué à assurer le maintien de Aarau dans l'élite suisse, lors d'une saison 2006-2007 très mal embarquée, a un soutien clairement affiché avec Dominique Pignatelli, n°4 dans la hiérarchie des investisseurs au Racing. Il jouit également d'une cote de popularité à nul autre pareil qui aurait son effet sur les supporteurs alors que la campagne d'abonnement débute à peine.
« A Lens, les joueurs ont
rapidement lâché Guy Roux »
Et comme il le rappelait récemment, il « a toujours officié dans des clubs où il n'y avait pas de moyens » et cela tombe bien puisque le Racing n'en a guère. Quel est le risque ? Un ancien entraîneur strasbourgeois pointe le risque d'un décalage entre la démarche de celui qui fêtera ses 68 ans au mois de décembre et les attentes des footballeurs modernes. « A Lens, les joueurs ont rapidement lâché Guy Roux », explique-t-il.
De la même manière, au centre de formation, la cote de Gress n'est pas à un sommet. Vu de l'extérieur, le risque de voir le technicien se consacrer au combat de trop existe, alors qu'il peut paisiblement entretenir son image chez les Helvètes.
Il reste que le plus grand entraîneur de l'histoire du RCS a encore l'envie. Il a encore la cote. Et en ce début du XXIe siècle où le vintage n'a jamais semblé autant à la mode et le Racing en mal de certitudes, l'idée de s'en remettre au faiseur de miracle alsacien sur un terrain de foot relève peut-être simplement de la pertinence.
Fr.N.
Je ne voudrais pas donner l'impression de me la pêter mais il me semble en avoir parlé il n'y a pas si longtemps de cela ...